Emmanuel Macron en tournée africaine après sa réélection à un second mandat. Jamais le chef de l’État français ne s’était rendu au Bénin depuis son accession à la présidence française en mai 2017. Pour son second mandat, il a décidé d’accorder la priorité à certaines anciennes colonies françaises dont le Bénin et le Cameroun. Arrivé au Cameroun lundi 26 juillet, Emmanuel Macron a signé des accords avec le gouvernement du président Paul Biya. Après ce pays de l’Afrique Centrale, il a pris la direction de l’Afrique de l’Ouest pour se rendre au Bénin et en Guinée-Bissau.
À l’étape de sa visite en terre béninoise, le chef de l’État français était attendu sur plusieurs sujets. Parmi ces sujets figurent la libération des prisonniers politiques et la lutte contre le terrorisme au nord du Bénin. Cette partie du pays, frontalière avec le Burkina-Faso, fait face depuis 2021 à des incursions jihadistes. Et le président Emmanuel Macron, en conférence de presse avec son homologue Patrice Talon, ne cache pas sa volonté d’aider ce pays côtier d’Afrique de l’Ouest.
Point d’honneur à la lutte contre le terrorisme
Dans l’après-midi de ce mercredi 27 juillet 2022, le président béninois Patrice Talon et son homologue français, Emmanuel Macron, en visite officielle, arrivent sur le parvis de la Marina, le palais présidentiel, pour la conférence de presse. Les deux présidents sont décomplexés. En effet, l’hôte de Patrice Talon visitait le palais présidentiel depuis la matinée de ce mercredi pour voir les 26 œuvres culturelles restituées par la France et pour y signer des accords de coopération bilatérale.
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Devant la presse, un point d’honneur est mis à la lutte contre le terrorisme. « Que la France nous appuie davantage dans nos efforts de lutte contre le terrorisme, l'un des principaux défis. (..) Nos hommes ont besoin être bien formés. On a besoin d’armement, d’équipement, de matériel militaire. Nous attendons un effort de votre part », a affirmé le président Talon. Mais le chef de l’État béninois déclare ensuite : « Nous avons les moyens financiers, mais aujourd’hui avec les tensions qu’il y a dans le monde, acquérir ces équipements est problématique ».
Le président français a rassuré son homologue de la disponibilité de la France à accompagner le Bénin. « La France sera toujours aux côtés des autorités béninoises pour faire face à cette menace. Ce soutien se fera en répondant aux demandes des autorités béninoises », a-t-il rassuré. « Sur le plan sécuritaire, nous serons au rendez-vous. C’est pourquoi les pickups, les équipements de déminages, les gilets pare-balles, les casques de vision nocturne, seront livrés incessamment. Pour les drones, nous allons avancer pour répondre à votre demande », renchérit-il.
Sur le plan sécuritaire, nous serons au rendez-vous. C’est pourquoi les pickups, les équipements de déminages, les gilets pare-balles, les casques de vision nocturne, seront livrés incessamment. Pour les drones, nous allons avancer pour répondre à votre demande
Le chef de l’État français a précisé dans quel cadre également son pays veut soutenir le Bénin. Il signale que l’Élysée veut rénover la présence française sur le continent, être un soutien, un appui. À l’invitation du président béninois, Emmanuel Macron exprime sa volonté d’assister à une réunion de l’initiative d’Accra, une organisation sécuritaire lancée en 2017 et qui vise entre autres à lutter contre le terrorisme.
Libération des détenus politiques en débat
La question des détenus politiques est par ailleurs au cœur de cette visite du président français à Cotonou. En conférence de presse conjointe, Emmanuel Macron n’a pas ouvertement évoqué le sujet au risque d’agacer Patrice Talon. Le chef de l’État français a préféré parler « d’ouverture politique ». Mais un journaliste français a toutefois interpellé le président béninois : « Est-ce que vous envisagez la libération des leaders de l’opposition emprisonnés dans votre pays ou le retour au Bénin des exilés ? ».
Répondant à la question, Patrice Talon a déclaré « qu’il n’y a pas de détenus politiques au Bénin ». « Libérer des gens qui ont commis des crimes ne relèvent pas pour moi de l’ouverture, je peux vous le dire. (...) Au Bénin, il n’y a pas de détenus politiques. Personne n’est détenu au Bénin pour son opinion politique. Mais des gens sont détenus pour avoir agi ou commis des crimes dans le champ politique », souligne-t-il.
Le président Patrice Talon n’écarte néanmoins pas la possibilité que ces personnes, poursuivies pour avoir commis des faits dans le champ politique, soient graciées ou amnistiées dans les temps à venir ou les temps après lui. « Mais sur le principe de la question même, je suis droit dans mes bottes et je voudrais que la dynamique en cours au Bénin continue pour rendre crédible notre pays. Ce qui nous importe, c’est que ce pays soit un pays de droit, de démocratie, de liberté et aussi de bonne gouvernance. Et cela est important. », a-t-il précisé.
Mais sur le principe de la question même, je suis droit dans mes bottes et je voudrais que la dynamique en cours au Bénin continue pour rendre crédible notre pays. Ce qui nous importe, c’est que ce pays soit un pays de droit, de démocratie, de liberté et aussi de bonne gouvernance. Et cela est important.
Au Bénin, plusieurs opposants politiques sont poursuivis par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Parmi eux, deux candidats recalés à la présidentielle 2021, le constitutionnaliste, Joël Aïvo et l’ex-ministre, Reckya Madougou, ont été arrêtés par la police et condamnés en décembre 2021. Aux termes de leurs différents procès, Joël Aïvo a écopé de 10 ans de prison pour blanchiment de capitaux et atteinte à la sûreté de l’État béninois. Quant à Reckya Madougou, elle a été reconnue coupable de complicité de financement de terrorisme et condamné à 20 ans de prison.
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