La gouvernance de la capitale politique du Bénin en question. Samedi 29 juillet 2023, l'Association Notre cause commune critique les trois années de gestion de la municipalité de Porto-Novo par le maire Charlemagne Yankoty.
Au cours de la conférence de presse animée par Gildas Agboton, l'Association reproche entre autres à l'actuel conseil communal de Porto-Novo le manque de vision et de leadership, le harcèlement fiscal sous fond de violation et l’inertie de l’actuelle équipe municipale.
Voici les reproches de l'Association à la Gestion de la municipalité de Porto-Novo
Une mise au point paraît importante : il s’agit dans cet exercice de jouer notre rôle citoyen tout en mettant en exergue nos desiderata. Car notre ressenti est profond et amer.
Parler de Porto-Novo, il faut juste partir du constat de l’état dans lequel la ville se trouve en dépit des réalisations et des projets gouvernementaux en cours.
Lorsque vous faites abstraction de ces apports, vous vous rendez compte que la ville est complètement délaissée par le conseil municipal, en tout cas son état n’est pas trop reluisant et même en considérant tout ce qui est fait et en cours, son état n’est pas du tout attractif. Et pour cause le manque d’impulsion et l’inertie de l’actuelle équipe municipale.
Alors, à l’aune des trois ans aux commandes, donc à mi-mandat, on peut se demander ce qui est à l’actif du maire actuel et de son équipe. Mais avant, parlons des avantages de cette équipe :
- C’est l’un des conseils qui a l’entière onction du pouvoir central.
Depuis que nous avons commencé l’expérience de la décentralisation, c’est la première fois que nous avons un conseil municipal à Porto-Novo qui a été installé et supporté à 100 % par le pouvoir central.
- L’exécutif comme un parapluie a pris en charge en investissant dans les secteurs importants.
- C’est un conseil en majorité jeune.
Les caisses sont renflouées même au grand dam des populations. Championne en termes de harcèlement fiscal : la Mairie peut lancer aux trousses des contribuables ses agents deux fois dans un même mois pour le recouvrement des taxes. Ceci passe parfois par la mise de cadenas sur les boutiques, les menaces et les violences. C’est dans ces conditions de recouvrement de droits taxi qu’un citoyen brutalisé a rendu l’âme il y a de cela trois mois environ. Il est à déplorer le manque d’égard des agents pour les contribuables.
Au regard de ces avantages, en questionnant l’action des autorités municipales, de l’éducation à l’aménagement du territoire en passant par la culture, le sport, et les infrastructures etc. on peut se demander autour de quels enjeux de développement, projets et programme, la mairie mobilise les habitants de la ville, quand nous savons très bien la manière et les circonstances dans lesquelles, les conseillers ont été élus.
Il n’y a pas de réponse satisfaisante. Cela s’explique tout simplement par le manque de vision et d’objectivité politique.
- Pour l’éducation : on vous dira qu’il y a eu la réfection des salles de cours dans les écoles primaires, mais aujourd’hui ce sont des besoins primaires en ce sens qu’il faut aller plus loin, en identifiant ce qui peut permettre aux enfants de s’épanouir sur divers plans, il y a donc lieu d’innover dans l’apport.
- Dans le domaine du sport, il y a un manque criard des aires de jeux au point où les tournois pendant les vacances se jouent dans les vons, les dragons sont mourants, aucune autre discipline n’émerge et pourtant il y a des talents.
- Sur le plan culturel, à part le FIP (Festival international de Porto-Novo) légué par les anciennes mandatures, plus rien d’autre,
- Pour ce qui concerne l’aménagement et les infrastructures : la déception est grande pour les porto-noviens. À titre illustratif, l’ancien terrain de football de DOWA qui devait être transformé pour servir de complexe culturel et de loisir est devenu un éléphant blanc puisque le chantier est aux arrêts, or c’est une dette de la mairie envers le plus grand arrondissement de Porto-Novo.
Pour le cas des infrastructures, NOTRE CAUSE COMMUNE fait observer que nous n'avons pas de gare routière digne de nom à Porto-Novo, alors que tout chargement ou déchargement hors parc est interdit. Le Parc de OUANDO est déplacé et logé sur une parcelle de moins de 500m2 avec les conditions difficiles d'accès et d'insalubrité notoire. Et pourtant, tout le monde sait que ce qui est collecté comme droits et redevances sur ce Parc par la Mairie est une manne financière importante. Une bonne utilisation de ces ressources devrait permettre d'améliorer les conditions de travail et d'accès sur le Parc. C'est regrettable de conclure aujourd'hui qu'aucun apport qualitatif n'est à l'actif du maire actuel et cela justifie la désolation totale des acteurs de ce sous-secteur.
• Les voix secondaires sont quasi impraticables parce que leur entretien et nivèlement n’intervienne qu’une seule fois dans l’année et certaines n’en ont même pas bénéficié depuis l’arrivée de l’actuel conseil communal
• Le marché d’Akonaboè construit et abandonné sert d’habitation aux animaux.
• Le projet « Les 100 PAS du Roi » est dans le statu quo.
• Le musée qui devrait être construit sur plus de 10 hectares est ramené sur un domaine faisant moins d’un hectare.
Sur la question de proximité avec les communautés à la base, le contact n’existe pratiquement pas. Or la gestion municipale ne doit pas être un entre-soi, un luxe, une navigation à vue, et le statut d’élu locale ne doit pas conférer seulement que des privilèges. C’est une expérience collective à laquelle doit postuler une vision claire. L’on doit se mettre au service de la population. L’information liée à la suspension de deux cadres de la mairie de Porto-Novo intervenant dans la chaîne des marchés publics nous donne la puce à l’oreille de la mise à mal de l’orthodoxie dans la gestion des ressources de la mairie. Pour clore ce volet, nous inviterons le Chef de l’Etat et tous les acteurs impliqués dans la décentralisation à faire un bilan d’étape de la réforme des communes pour apprécier ses impacts sur les populations.
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