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CRIET : au procès de Désiré Vodonou, l’ex-député assure ne jamais vouloir voler une banque au Bénin

En détention provisoire depuis plusieurs mois, l’ex-député Désiré Vodonou et ses coaccusés se sont présentés ce jeudi 02 février 2023 pour une nouvelle audience dans leur dossier. Poursuivi par la CRIET pour une affaire de casse d’une banque, l’ancien élu de Zogbodomey n’a pas rejeté les faits mis à sa charge par le parquet spécial. Mais Désiré Vodonou entend faire comprendre aux juges en charge de son dossier, la réalité des faits. Libre Express vous fait le récit d’une nouvelle journée de procès dans une affaire qui tient désormais les Béninois en haleine.

L'ex-député, Désiré Vodonou

L'ex-député, Désiré Vodonou

Entre le Désiré Vodonou des beaux jours à l’Assemblée nationale du Bénin et celui des salles d’audience de la CRIET, il y a bien une différence. Ce jeudi 02 février 2023, la troisième audience dans le dossier de l’ex-député s’est ouverte un peu avant 15 heures. Convoqué par Guillaume Lally, le juge en charge du dossier, l’ex-député Désiré Vodonou apparait devant la Cour avec deux autres coaccusés, rapporte l’envoyé spécial de Libre Express.

 

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Ce sont l’informaticien sénégalais, Sy Sérigne Abdoul Aziz et Sylvestre Attadé, le chef d’agence d’une banque béninoise située à Godomey.  Tous les trois prévenus ont été placés en détention provisoire depuis le vendredi 04 novembre 2022 par le procureur spécial, Mario Mètonou. “Accès et maintien illégal dans un système informatique, escroquerie et blanchiment de capitaux”, tels sont les trois chefs d’accusation retenus à leur encontre par le parquet spécial.

 

Le chef d’agence d’une banque à la barre

 

À l’ouverture de l’audience, le ministère public a souhaité que les débats soient renvoyés, mais le juge en charge du dossier s’en est opposé. Ce dernier souhaite la poursuite des débats sur les infractions “d’escroquerie et blanchiments de capitaux. Les débats peuvent donc commencer.

 

Dans ce dossier, le premier convoqué à la barre est Sylvestre Attadé. L’homme est le chef d’agence d’une banque située à Godomey dans la commune d’Abomey-Calavi.Il n’a pas nié les faits qui lui ont été mis à sa charge.  “Qui vous a contacté dans le cadre de ce projet”, lui lance alors le président de céans, Guillaume Lally.

 

À cette question, Sylvestre Attadé explique aux juges de la CRIET avoir été contacté en février 2022 par un homme qui lui a proposé une opération dont l’objectif est d’avoir accès au système informatique de la banque pour laquelle il travaillait. “Le but de cette opération est de lui permettre d’introduire de l’argent dans le système informatique de la banque”, a-t-il confié. Mais les réponses de ce chef d’agence ont fini par agacer le juge en charge du dossier. Ce dernier lui a rétorqué : “N’insultez pas notre intelligence et n’insultez pas votre intelligence. Pourquoi veulent-ils introduire de l’argent dans le système informatique de la banque ?”.

 

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Le prévenu n’a pu répondre clairement à la question.  Par la suite, ce chef d’agence a confié aux juges avoir rencontré l’informaticien sénégalais, incarcéré dans le dossier, dans un hôtel à Cotonou. Lors de cette rencontre avec ce Sénégalais, dit-il, la mission qu’il doit exécuter lui a été clairement expliquée par un autre intermédiaire. Cet intermédiaire est aujourd’hui en fuite et recherché par la justice béninoise. Pour mener à bien sa mission, le chef d’agence a alors contacté son collègue informaticien. C’est ce collègue pris de peur qui a dénoncé les faits, selon son récit.

 

L’informaticien sénégalais et l’appareil qui doit servir à l’opération

 

La déposition de l’informaticien a duré une dizaine de minutes à la barre. De son vrai nom, Sy Sérigne Abdoul Aziz, ce dernier vit au Bénin depuis novembre 2021 avant son interpellation en novembre 2022 pour les faits qui lui sont reprochés. Ce Sénégalais ne nie pas les faits devant les juges de la CRIET. L’informaticien reconnait avoir rencontré le chef d’agence en présence d’un autre intermédiaire.

 

Au cours de cette rencontre, affirme-t-il, la photo de l’appareil qui doit permettre de mener à bien cette opération a été montrée au chef d’agence. L’informaticien explique que l’autre objectif de cette rencontre est de convaincre un autre informaticien de la banque de faciliter l’opération.

 

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Convoqué à nouveau à la barre, le chef d’agence, Sylvestre Attadé affirme que par la suite, il a reçu l’appareil nécessaire pour l’opération et qu’il l’a même gardé dans l’agence de la banque à Godomey. “J’ai introduit l’appareil dans le système de la Banque, mais l’objectif visé n’a pas été atteint. C’est alors que j’ai contacté un autre collègue informaticien pour réussir l’opération ”, a-t-il confié.

 

Selon la déposition de Sylvestre Attadé, une fois contacté, cet informaticien a demandé au chef d’agence de patienter pour l’opération. Le motif évoqué par l’informaticien de cette banque est que l’opération serait risquée en raison de la nomination d’un nouveau chef informatique. ”Quelques jours après, nous avons été interpellés par la BEF”, déclare-t-il. En réalité, c’est l’informaticien informé de ce projet qui les a dénoncés, selon les déclarations du chef d’agence.

 

“Désiré Vodonou ne va jamais voler une banque au Bénin”

 

Personnage principal dans ce dossier, l’ex-député Désiré Vodonou était très attendu pour comprendre les tenants et aboutissants de l’affaire. Ce jeudi 02 février 2023, l’ex-député de Zogbodomey est invité à la barre à 15 heures 41 minutes. Sa ligne de défense devant les juges de la CRIET est très claire : “Je jure de vous dire toute la vérité” répond-il lorsque le juge Guillaume Lally lui lance la première question : “A quand remonte le projet de cette opération ?”.

Désiré Vodonou demande ensuite au juge de lui laisser le temps pour qu’il rétablisse la vérité des faits dans ce dossier. L’ex-parlementaire a désormais la parole. Il ne rejette aucun des faits mis à sa charge par le parquet spécial de la CRIET. ”Désiré Vodonou ne va jamais voler une banque au Bénin’’, a-t-il lancé d’entrée de jeu. “L’opération pour laquelle j’ai été arrêté s’appelle server to server”, déclare-t-il ensuite. 

 

L’ex-député affirme que c’est une opération qu’il voulait réaliser pour un partenaire d’affaires russe. Selon Vodonou, il s’agit d’une opération réalisée par des oligarques russes et qui vise à envoyer de l’argent depuis la Russie vers l’Afrique. Cela, dans le but de contourner les sanctions imposées à la Russie à cause de la guerre en Ukraine.

 

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L’opération pour laquelle il s’est retrouvé devant la CRIET remonte entre avril et 2022.  À cette époque, Désiré Vodonou affirme avoir été contacté par le Russe et que son représentant qui est un Ivoirien lui a été envoyé dans le cadre de l’opération. Une fois l’argent récupéré au Bénin grâce au système “server to server”, Désiré Vodonou confie aux juges que l’argent sera redistribué sur plusieurs cartes prépayées achetées au Bénin et en Côte d’Ivoire.

 

Mais il dit avoir renoncé ensuite à l’opération qui doit permettre de s’introduire dans le système informatique de cette banque béninoise depuis mai 2022. “Quand j’ai appris que c’était un chef d’agence. J’ai dit cette affaire ne peut pas se faire sans la complicité d’un haut responsable de la banque. Écoutez, c’est Désiré Vodonou, je ne vais pas vouloir faire une affaire de centaines de millions d’euros et le faire avec un chef d’agence d’une banque” avoue-t-il. “Quand l’Ivoirien qui a été envoyé par le russe a entendu que c’était de ça il s’agit, il a fui sans m’informer. Il n’est plus jamais revenu jusqu’aujourd’hui”, a ajouté Vodonou. Il précise par la suite que jusqu’à son arrestation fin octobre 2022 par la Brigade économique et financière (BEF), il ne savait pas que le chef d’agence et les autres complices avaient poursuivi le projet.

 

L’ex-député déclare ne pas connaitre les personnes interpellées dans le dossier. “Je ne connais personne dans ce dossier. Je n’ai jamais eu l’intention de voler une banque au Bénin. Je suis une personnalité très connue au Bénin”, a-t-il précisé

 

Juge et ministère public contre-attaquent

 

Face à ces réponses, le juge Guillaume Lally a contre-attaqué : “Comment l’argent va venir vers vous de la Russie si ce n’est pas dans le système de la banque ici au Bénin ?”. “J’ai parlé de “server to server”. Il s’agit de l’argent qu’on envoie directement du serveur depuis la Russie“, a-t-il répondu.

 

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Selon le ministère public, cette technique évoquée par l’ex-député est similaire à un blanchiment de capitaux. “Vous reconnaissez que vous étiez dans une technique de blanchiment de capitaux”, demande le ministère public. “Oui, mais je ne l’ai pas fait. La faute, je ne le nie pas. Je l’accepte”, a répondu Désiré Vodonou.

 

L’audience a été suspendue et renvoyée à une date ultérieure. En attendant la prochaine audience, l’ex-député et ses deux coaccusés sont retournés en prison.


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Commentaires

ALLAïKOU Alexandre

Je veux à nouveau une audience claire et transparente sur cette affaire

07-02-23 à 01:46

LONMADON Marius

On aura tout vu et entendu au Bénin.Toujours les mêmes chansons

06-02-23 à 04:17

Théodore S. SEDEDJAN

Je salue la justice de mon Cher Pays le Bénin

04-02-23 à 11:44

AGBODJI RENE

Il faut que la CRIET face tout ces enquêtes possible et tranché comme cela se doit

03-02-23 à 10:08

Toviessi Lionel

Merci à Libre pour ce bel article sur le dossier de l’ex-député. Cela nous permet de comprendre mieux l’affaire.

03-02-23 à 08:35

Fiacre TAMADAHO

Terrible vodonou.

03-02-23 à 08:35

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