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Direct procès Dangnivo : Alofa affirme ne pas connaitre la victime ni la substance utilisée pour l'assassiner

Le procès de l'affaire Dangnivo, relative à la disparition et au meurtre présumé du syndicaliste Pierre Urbain Dangnivo en 2010, reprend ce mardi 8 avril 2025 devant le tribunal de Cotonou. C'est la cinquième journée d'audience depuis la reprise du procès le mardi 11 mars dernier. Suivez le direct sur Libre Express.

Le principal accusé Codjo Alofa

Le principal accusé Codjo Alofa

Lors des quatre premières journées d'audience, les 11, 12, 13 et 19 mars 2025, les deux accusés, Codjo Cossi Alofa et Donatien Amoussou, ont été longuement interrogés. Alofa a notamment affirmé avoir été "mis en scène" par des hommes en uniforme pour reconnaître les faits, tandis que Amoussou a expliqué avoir été convoqué par le colonel Sévérin Koumassègbo, alors chef de la sécurité du président, pour remettre le téléphone portable de Dangnivo à la radio Océan FM.

 

Lors de l'audience du 19 mars, le tribunal a entendu le témoignage du Colonel Firmin Boko, président de la commission d'enquête de l'affaire Dangnivo en 2010. Celui-ci a apporté de nouveaux éléments sur les circonstances de l'interpellation de Codjo Alofa et les déclarations de ce dernier implicant Donatien Amoussou. Cependant, le Colonel Boko a contredit certaines déclarations du Colonel Koumassègbo sur son implication dans l'enquête.

 

LIRE AUSSI : Direct Procès Dangnivo : le président de la commission d'enquête contredit par les accusés, audience renvoyée
 

Suite à ces témoignages, le juge a ordonné des vérifications complémentaires, notamment sur l'état des lieux de l'avenue de la Marina en 2010 et la convocation de l'ex-directeur de l'ORTB, Julien Akpaki. Les résultats de ces instructions complémentaires seront présentés au tribunal ce mardi 8 avril 2025.

 

Par ailleurs, l'ex-directeur général de l'ORTB, Julien Akpaki, sera entendu lors de cette audience. Le tribunal espère que ces nouveaux éléments permettront de faire avancer significativement ce dossier devenu une véritable affaire d'État. Le procès se poursuivra donc. 

 

Les deux accusés dans ce dossier, Donatien Amoussou et Codjo Kossi Alofa sont déja présents dans la salle d'audience. A 10 heures 30 minutes, l'audience n'a pas encore démaré, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express. 

 

 

12 heures 5 minutes : L'audience est ouverte 

 

L'audience annoncée pour 10 heures n'a commencé qu'à 12 heures 5 minutes ce mardi 8 avril 2025 au tribunal de Cotonou. À l'ouverture de l'audience, le juge Guillaume Laly présente les  excuses du tribunal aux avocats. Ensuite, il s'attèle à expliquer qu'il a fallu au tribunal procéder à quelques vérifications de la mise en exécution des ordonnances instruites lors des  audiences précédentes. 

 

Les mesures d'instruction ordonnées par le tribunal ont été exécutées. Le juge annonce la communication aux avocats de la partie civile et de la défense des copies des résultats des mesures d'instruction. Le président de céans précise que pour cette journée d'audience deux personnes seront entendus par le tribunal. Il s'agit d'un spécialiste en médecine traditionnelle qui doit éclairer les lanternes du tribunal sur des points d'ombre dans l'affaire Dangnivo et de Julien Pierre Akpaki.


 

12 heures 15 minutes : L'ex-Dg de l'Ortb donne sa version des faits

 

Convoqué à la barre, l'ex-directeur général de l'Ortb devenu aujourd'hui Srtb est entendu comme témoin. Julien Pierre Akpaki jure de dire toute la vérité au tribunal sur son rôle et de ce qu'il sait de cette affaire Dangnivo. L'homme se présente comme un ingénieur des télécommunications et ancien patron de la télévision de service public. « Qui connaissez-vous parmi les accusés ? », lui demande le juge. Julien Pierre Akpaki reconnaît l'accusé Donatien Amoussou mais pas Codjo Alofa. Son nom a été cité à plusieurs reprises dans ce dossier.

 

L'ancien directeur de l'ex-Ortb est ensuite invité par le tribunal à donner sa version des faits. Alors directeur général de l'Ortb, Julien Pierre Akpaki confie qu'un jour un certain Auguste Amoussou, Grand-frère de Donatien Amoussou est venu le voir dans son bureau.  Ce Grand-frère lui aurait affirmé qu'il a des personnes qui ont des informations sur la disparition du véhicule appartenant au sieur Dangnivo suite à un communiqué diffusé sur l'ex-Ortb qui invite toute personne à fournir des informations sur la disparition de ce véhicule.

 

Selon sa déposition, Julien Pierre Akpaki confie avoir indiqué à Auguste AMOUSSOU que vu la sensibilité du dossier, il allait les envoyer à un colonel en fonction à la Présidence du Bénin. Il s'agit du colonel Séverin Koumassegbo. Julien Pierre AKPAKI déclare avoir fait appel au colonel Severin KOUMASSEGBO qui à l'époque était le chef de la sécurité présidentielle. 

 

Après quelques jours sans réponse du colonel Séverin Koumassegbo, il dit l'avoir rappelé au téléphone.  C'est alors que Koumassegbo décide de les rencontrer  à la présidence.  Le jour de la rencontre, Julien AKPAKI détaille que Auguste AMOUSSOU était avec son jeune frère Donatien, accompagné d'un Camerounais dont il dit ne plus se souvenir du nom. Julien Pierre Akpaki explique que sa mission s'est terminée là.

 

Mais quelques jours après, L'ex-Dg de l'Ortb signale que Auguste AMOUSSOU l'appelle et lui fait savoir que son frère est gardé par rapport à l'affaire Dangnivo. Julien AKPAKI dit avoir été surpris et qu'il l'a rassuré et qu'il lui a dit que ce serait certainement pour les besoins de l'enquête. Il affirme n'avoir jamais déjeuné avec Donatien Amoussou et son grand frère Auguste Amoussou.

 

Après les questions du juge, le procureur  interroge l'ex-DG Ortb. A-t-il mis Amoussou en relation avec les services de renseignement dirigé à l'époque par le Colonel Enock Laourou. Il a répondu par la négative. Son seul rôle, explique t'il, est d'avoir Amoussou en contact avec le colonel Koumassegbo. « Je ne connaissais pas Auguste AMOUSSOU, c'est lui qui me connaissait comme étant Directeur de l'Ortb. Il est venu et s'est présenté comme journaliste. Sinon, je ne le connaissais pas », a-t-il précisé. 

 

Lorsque le procureur lui demande s'il avait  connaissance de l'ouverture d'une commission d'enquête. Julien AKPAKI répondit également par la négative. Il ajoute que le communiqué annonçant la disparition du véhicule a été envoyé et que cela n'a pas été produit par l'Ortb. Julien Akpaki indique au tribunal qu'il n'avait toujours pas connaissance de la teneur du communiqué. 

 

12h54min : Donatien AMOUSSOU rejette des déclarations de l’ex-Dg Ortb 

 

Convoqué à la barre, l'accusé rejette les déclarations de Julien Pierre Akpaki selon lesquelles il ne connaissait pas son grand frère Auguste Amoussou. Donatien confie que le téléphone utilisé par son frère aîné pour appeler Julien AKPAKI était sur main libre et qu'il ne s'est pas présenté et qu’ils se connaissaient apparemment.  Donatien Amoussou raconte qu'après deux jours, ils sont allés voir le DG Akpakpi dans son bureau et que ce jour là le camerounais Prizo a tout raconté.

 

Donatien Amoussou a contredit l’ex-DG Ortb sur le fait qu'ils n'ont jamais déjeuné ensemble. Il précise que le jour où ils ont dîné ensemble à la place des Martyrs à Cotonou, l'ex DG n'avait pas duré. 
 

13h02min : Julien AKPAKI se retire de la barre.

 

Le président de céans suspend l'audience à 13h03min pour que les dispositions soient prises pour que l'une des personnes annoncées par visioconférence soit prête.

 

13 heures 3 minutes : l'audience est suspendue pour entendre l'avis du spécialiste qui doit être entendu par visioconférence. Il s'agit du docteur Ghislain Comlan Akabassi.

 

13 heures 15 minutes : reprise de l'audience 


 

Après cette reprise, le président du tribunal introduit le Dr Akabassi Comlan Ghislain. Il le présente comme un expert qui possède des connaissances dans un domaine qui peut les aider. Le magistrat rappelle que dans les témoignages précédents, Alofa avait déclaré avoir administré à Pierre Urbain Dangnivo un produit traditionnel appelé "Ayokpè" en langue Fon.


 

Le président demande au Dr Akabassi de se présenter. Le Dr Akabassi explique qu'il est spécialiste en biodiversité et changements climatiques. Dans le cadre de son master, il a travaillé sur l'espèce appelée "Ayokpè" en Fon, dont le nom scientifique est "Picralima nitida". Il est également expert de cette espèce au Bénin. 


 

Selon l'expert, à forte dose, cette espèce devient nocive car elle accélère le rythme cardiaque. C'est une espèce utile mais son utilisation doit être contrôlée. Le président du tribunal demande si, administrée à un adulte, cette espèce peut être mortelle et à quelle dose.


 

Le Dr Akabassi répond que la consommation de fortes doses de Ayokpè peut être fatale car elle peut intoxiquer et même tuer les cellules.


 

Le président demande ensuite si les "bokonons" (marabouts) du sud du Bénin utilisent Ayokpè dans leur pratique. Le Dr confirme que oui, cette plante est fréquemment utilisée, notamment à Ifangni et Sakété, par les tradipraticiens. Cette plante se retrouve dans les zones frontalières au Nigeria, selon ses explications.


 

Le Dr précise que les effets de ce produit naturel ne sont pas immédiats, il faut un certain temps pour les observer. Il explique aussi qu'il faudrait des essais cliniques pour déterminer la dose mortelle de Ayokpè chez l'homme.


 

Après ces explications, le procureur demande si Ayokpè peut tuer un adulte s'il lui est administré. Le Dr répond que cela dépend de la dose.


 

Le procureur demande aussi si au Bénin, on peut mélanger l'écorce de ce produit avec d'autres. Le Dr explique que oui, l'écorce peut être broyée et mélangée, mais la dose utilisée est importante car à forte dose, le produit peut être nocif, voire fatal.


 

L'avocate Me Olga ANASSIDE demande alors si le goût amer de Ayokpè le rend difficile à dissimuler dans de l'eau. Le Dr confirme que oui, même dilué dans l'eau, son goût amer reste perceptible.


 

Enfin, le Dr Akabassi dit ne pas savoir si la consommation de Ayokpè peut causer la mort sur le coup, précisant que tout dépend de la dose et de la concentration. Il insiste sur le fait que c'est un produit naturel qui agit progressivement.


 

Alofa affirme ne pas connaitre la victime ni la substance utilisée pour l'assassiner

 

Après le docteur Akabassi, le principal accusé Alofa est convoqué à la barre. Devant le tribunal, il a déclaré qu'il n'a pas parlé d'Ayokpè ayant servi à tuer Dangnivo mais plutôt de « Sokpakpè » lors de sa première version. Il rappelle que c'était ce qu'on lui avait demandé de dire. Alofa insiste qu'il ne connaît pas Dangnivo et que c'est la seule vérité dans tout ce qu'il a dit.


 

Lorsqu'il a été appelé à la barre, Alofa a voulu clarifier la question du produit "Ayokpè". Il a affirmé n'avoir jamais mentionné l'utilisation de l'Ayokpè  devant le juge d'instruction, mais plutôt du produit appelé « Sokpakpè » qui serait de couleur rouge. 


 

Alofa a ajouté que tout ce qu'il a dit était un mensonge, car c'était la version qu'on lui avait demandé de servir pour pouvoir percevoir une somme de 25 millions. Il a répété qu'il ne connaissait pas Dangnivo et qu'on ne lui avait pas donné de substance.


 

Pendant ses audiences devant le juge d'instruction, Alofa a indiqué qu'il dû se débrouiller seul face aux questions auxquelles il n'avait pas été préparé. Le ministère public lui a alors demandé quelle était la vérité dans toutes ces versions, et Alofa a répondu que la seule vérité était qu'il n'a jamais connu ni tué Dangnivo.


 

Le ministère public a ensuite demandé à Alofa comment il pouvait être le « Petit guérisseur » sans connaître l'Ayokpè ni le Sokpakpè. Alofa a répondu qu'il n'a jamais utilisé ces produits, mais cela ne signifie pas qu'il ne les connaît pas.


 

Finalement, l'audience a été suspendue et reprendra le lendemain, mercredi 9 avril 2025, à 10h. Le juge a demandé que les feuilles d'audience du tribunal au moment des faits soient remises à la cour afin de vérifier les contradictions des différents témoins, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express
 

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