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Direct Procès Dangnivo : le président de la commission d'enquête contredit par les accusés, audience renvoyée

Le procès de l'affaire Dangnivo, relatif à la disparition et au meurtre présumé du syndicaliste Pierre Urbain Dangnivo en 2010, reprend ce mercredi 19 mars 2025 devant le tribunal de Cotonou. C'est la quatrième journée d'audience depuis la reprise du procès le mardi 11 mars dernier. Suivez le direct sur Libre Express.

Image d'illustration

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Lors des trois premières journées d'audience, les 11, 12 et 13 mars 2025, les deux accusés, Codjo Cossi Alofa et Donatien Amoussou, ont été longuement interrogés. Alofa a notamment affirmé avoir été "mis en scène" par des hommes en uniforme pour reconnaître les faits, tandis que Amoussou a expliqué avoir été convoqué par le colonel Sévérin Koumassègbo, alors chef de la sécurité du président, pour remettre le téléphone portable de Dangnivo à la radio Océan FM.

 

Le mercredi 12 mars, le tribunal a entendu des témoins clés, dont l'ex-officier de police Prince Alédji cité par Alofa, ainsi que des ex-ministres. Un expert français, Guillaume Monique, a également confirmé que les restes du corps retrouvés chez Alofa sont bien ceux de Dangnivo.

 

Lors de cette journée d'audience, l'ancien ministre de l'Enseignement Secondaire, Bernard Lani Davo, a surpris l'assistance par ses déclarations. Davo a affirmé ne pas connaître l'accusé Donatien Amoussou, pourtant présumé complice dans l'assassinat de Dangnivo. Selon sa déposition, c'est en 2010 qu'il aurait été contacté par un militaire de la garde rapprochée de l'ancien président Boni Yayi pour aller remettre 50 000 FCFA à Amoussou en prison.

 

LIRE AUSSI : Direct Procès Dangnivo : la version contradictoire de l'ex-patron de sécurité présidentielle de Boni Yayi
 

Le jeudi 13 mars 2025, le procès s'est poursuivi avec notamment l'audition de l'ex-chef de la sécurité présidentielle, le colonel Séverin Koumassègbo. Ce dernier a apporté de nouveaux éléments concernant les soupçons qu'il entretenait envers Donatien Amoussou dans cette affaire.
 

Le colonel a expliqué que lors de l'enquête sur la disparition de Dangnivo en 2010, il avait remarqué des incohérences dans les déclarations d'Amoussou et de Priso, l'autre personne auditionnée. Cela avait renforcé ses soupçons envers Amoussou. À la barre, Donatien Amoussou avait contesté la version de l’ex-colonel devant le tribunal.

 

Le tribunal a également entendu le témoignage d'Auguste Amoussou, le grand-frère de Donatien. Auguste a rapporté avoir été en contact avec le colonel Koumassègbo et avoir tenté d'obtenir des informations sur la situation de son frère, sans succès.

 

Vérifications demandées par le juge

 

Suite à ces témoignages, le président du tribunal, Guillaume Lally, a ordonné plusieurs vérifications, notamment sur l'état des lieux de l'avenue de la Marina en 2010 et la convocation de l'ex-directeur de l'ORTB, Julien Akpaki. Il a également demandé que les feuilles de notes d'audience du dossier à l'époque soient apportées pour examen.


 

Ce mercredi 19 mars 2025, le tribunal va donc entendre le témoignage de Julien Akpaki, l'ex-directeur général de l'ORTB au moment des faits. Le juge espère que cette nouvelle audience permettra de faire avancer significativement ce dossier devenu une véritable affaire d'État. Le procès se poursuivra dans les prochaines semaines.

 

Reprise de l’audience 
 

10 heures 28  minutes :  Reprise de l’audience au tribunal de Cotonou. Le président du tribunal de Cotonou indique avoir pris une ordonnance de mesures d'instruction complémentaires et que les résultats des instructions complémentaires vont durer trois semaines. Le ministère public affirme qu'il accuse publiquement réception de cette ordonnance d'instructions complètementaires. Il annonce ensuite que le président de la commission d’enquête de l’affaire Dangnivo,  le colonel Firmin Boko est entendu en tant que témoin. 


 

Vers 10 heures 35 minutes, l’audience est suspendue pour deux minutes à la demande du ministère public représenté par le procureur de la République près le tribunal de Cotonou.


 

Le Colonel Firmin Boko, président de la commission d'enquête confronté sur son travail


 

11 heures 21 minutes : reprise de l'audience


 

Le président de la commission d'enquête de l'affaire Dangnivo de l’époque, Firmin Boko est à la barre. L’officier affirme qu'il était capitaine de la gendarmerie nationale au moment des faits. Il est aujourd'hui contrôleur général de la police républicaine et est en fonction à la Direction générale de la police républicaine. Il jure de dire la vérité au tribunal. L’officier revient ensuite sur la commission d'enquête mise en place le 1er septembre 2010 après la disparition de Pierre Urbain Dangnivo. Cette commission d'enquête a été mise en place sur une note de service.


 

Selon son témoignage, l’affaire a commencé suite à une plainte déposée par la famille Dangnivo au commissariat de police de Xwlacodji. À la suite, la procureure de la République près le tribunal de Cotonou à l’époque va mettre en place une commission d'enquête mixte. Cette commission d'enquête est composée de deux policiers et deux gendarmes. Il s'agit du commissaire Prince Alédji, du commissaire Houndé, du capitaine de la gendarmerie Firmin Boko et de l’adjudant-chef Lucien Dègbo.

 

« Au cours de l’enquête, nous nous sommes rendus compte que monsieur Alofa avait des contacts avec Dangnivo ». Selon le président de la commission d'enquête, Alofa a eu au moins 10 contacts avec Dangnivo. L’enquête a également permis d'interpeller une autre dame avec laquelle Dangnivo aurait eu ses derniers échanges téléphoniques. Interpellée dans le cadre du dossier, la dame a affirmé n'avoir pas échangé avec Dangnivo. Elle sera libérée lors de sa présentation au parquet du tribunal de Cotonou parce que Alofa l’a dédouané, selon Firmin Boko.

 

À la barre, le président de la commission d'enquête de l’affaire Dangnivo revient aussi sur les circonstances de l’arrestation de Codjo Alofa, principal accusé. Selon ce témoin, Alofa a été interpellé lors d'un vol le 23 août 2010 et placé en garde à vue le 24 août 2010. Déféré au parquet, il est placé en détention préventive à la prison civile de Cotonou le 30 août 2010. Firmin Boko a déclaré qu'au cours de l’enquête, l’accusé Codjo Alofa a été extrait de la cellule et interrogé sur la disparition de Pierre Urbain Dangnivo. 

 

Au cours de cette même enquête, Firmin Boko affirme que le Camerounais nommé Evouna Prizo leur a été présenté comme un témoin dans le dossier. Selon son témoignage, le nommé Prizo a été présenté à eux avec un téléphone Zékédé de Dangnivo. Au cours de son interrogatoire, Firmin Boko raconte que Prizo a reconnu avoir vu le 18 août 2010 Alofa, Polo et un certain Isidore à bord du véhicule Audi 90 que le sieur Dangnivo utilisait au moment de sa disparition. Ce véhicule n'a jamais été retrouvé, selon Firmin Boko

 

L’officier de police républicaine confie que le 26 septembre 2010, le principal accusé Alofa a détaillé ce qui s'est passé dans le dossier. C'est Alofa qui a déclaré que c'est l’ex-militaire Donatien Amoussou qui a remis le médicament de baryum qui a servi à endormir Dangnivo pour le tuer. Selon son témoignage, Donatien Amoussou aurait remis ce médicament dans le cadre d'un vol qu'il aurait commandité pour braquage de Sagam. Firmin Boko affirme que Donatien Amoussou aurait fui les policiers venus l’interpeller à Sagam.

 

Des contradictions notées 

 

Le président des débats a résumé les déclarations du colonel Koumassègbo afin de mettre le colonel Boko au même niveau d'information. Ce dernier a répondu qu'il ne pouvait pas se souvenir de tous les détails et que les actions menées par le colonel Koumassègbo n'engageaient en rien la commission, qui n'avait de chef hiérarchique que le procureur de la République.

 

Interrogé sur les déclarations et le rôle du colonel Koumassegbo dans le dossier, Firmin Boko affirme : « Si Koumassegbo a posé des actes dans le dossier, ça n’engage pas la commission d'enquête ». Le témoin Firmin Boko affirme qu'il n'est pas au courant que la commission d'enquête aurait été mise en place par Koumassegbo. 


Il y a une contradiction entre les déclarations du colonel Boko, président de la commission d'enquête, et celles du colonel Koumassegbo, chef de la sécurité présidentielle. 

 

Selon le colonel Boko, la commission d'enquête s'est rendue une fois dans le bureau du colonel Koumassegbo à la présidence. Mais, le colonel Koumassegbo a affirmé lors de son audition la semaine précédente qu'il n'avait jamais reçu la commission d'enquête dans son bureau. Le colonel Koumassègbo avait également déclaré que c'est lui qui a amené Donatien Amoussou à la commission d'enquête, ce qui contredit les propos du colonel Boko.

 

Le colonel Boko a indiqué que Prizo était détenteur de beaucoup d'informations et a été auditionné en qualité de témoin. Toutefois, il a précisé ne pas savoir que Prizo et Donatien Amoussou se connaissaient. 


 

Lorsque le président des débats a demandé si Alofa et Amoussou ne se connaissaient que par un ami commun nommé Polo, le colonel Boko a répondu, après hésitation, que c'était possible mais qu'il ne pouvait l'affirmer.


 

Le ministère public a ensuite interrogé le colonel Boko sur sa relation avec le chef de la sécurité présidentielle de l'époque, ce à quoi il a répondu par la négative. Le ministère public a également demandé si le colonel Boko avait travaillé avec Donatien Amoussou, ce que le colonel a nié, précisant que Donatien Amoussou avait été écouté en tant que personne impliquée dans l'affaire.


 

Le ministère public a ensuite demandé si Donatien Amoussou avait signé les procès-verbaux des auditions, ce que le colonel Boko a confirmé, soulignant qu'il s'agissait de la procédure normale.


 

Concernant le lien entre Alofa et Dangnivo, Alofa a affirmé devant la commission qu'il avait participé physiquement à l'assassinat de Dangnivo. Selon le colonel Boko, un second individu a achevé Dangnivo.


 

Lors de l'exhumation du corps de Dangnivo à Womey, c'est Alofa qui a indiqué l'emplacement. Le colonel Boko a précisé que le 26 septembre 2010, ils avaient pris des mesures pour geler le domicile et ses alentours, mais qu'ils n'avaient pas procédé à une perquisition formelle du domicile d'Alofa.


 

Selon le rapport du colonel Boko, Dangnivo a été étranglé, mais ce dernier a reconnu que ces informations provenaient uniquement des déclarations d'Alofa et qu'il n'avait pas eu accès à un rapport toxicologique.


 

Alofa et Donatien Amoussou ont remis en cause certains éléments des déclarations du colonel Boko. Ils  affirment que des contre-vérités avaient été rapportées. Néanmoins, à la question de Me Aboubacar Babarapé, le colonel Boko a maintenu que c'était Alofa qui avait tué Dangnivo.


 

L’audience renvoyée au mardi 8 avril 2025 


 

15 heures 21 minutes  : Avant de suspendre l’audience, le président de céans a demandé au ministère public quel serait le temps nécessaire pour mener les mesures d'instruction complémentaires. Le ministère public a indiqué au tribunal qu'il lui fallait deux à quatre jours pour donner les instructions nécessaires et deux semaines pour avoir les résultats. Le juge a suspendu l'audience pour être reprise le mardi 8 avril 2025 après les mesures d'instruction complémentaires.


Fin du direct

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