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Direct Procès Dangnivo : le témoignage à polémique de l'ex-commissaire Alédji, membre de la commission d'enquête

Après l'ouverture du procès très attendu de l'affaire Dangnivo le mardi 11 mars 2025, les audiences reprennent ce mercredi 12 mars 2025 devant le tribunal de première instance de première classe de Cotonou, siégeant en matière criminelle. Les accusés Codjo Cossi Alofa et Donatien Amoussou vont de nouveau devoir répondre des chefs d'accusation d'assassinat et de complicité d'assassinat d'Urbain Pierre Dangnivo.

L'ex-commissaire Prince Alédji Mohamed, membre de la commission d'enquête

L'ex-commissaire Prince Alédji Mohamed, membre de la commission d'enquête

Lors de la reprise de  l'audience mardi 11 mars 2025, les deux accusés ont été longuement entendus. Codjo Cossi Alofa, le présumé assassin, a notamment affirmé avoir été "mis en scène" par des hommes en uniforme pour reconnaître les faits, avant de se rétracter. Il a raconté comment il aurait été approché en prison par un officier du nom de Prince Alédji, qui lui aurait demandé d'endosser la responsabilité du meurtre de Dangnivo. Alofa affirme avoir été également promis 25 millions FCFA et une protection s'il acceptait. 

 

De son côté, Donatien Amoussou, accusé de complicité, a expliqué comment il s'est retrouvé impliqué dans cette affaire. Il a affirmé avoir été convoqué par le colonel Sévérin Koumassègbo, alors chef de la sécurité du président, qui lui aurait demandé de remettre le téléphone portable de Dangnivo à la radio Océan FM, contre la somme de 500 000 FCFA. Amoussou dit avoir refusé cette proposition. 

 

Ce mercredi 12 mars 2025, le tribunal entendra des témoins clés de cette affaire, notamment l'ex-officier de police Prince Alédji, cité par l'accusé Codjo Cossi Alofa. Des ex-ministres au moment des faits seront également entendus comme témoin. Le verdict de ce procès tant attendu devrait apporter un éclairage décisif sur cette affaire devenue presque une affaire d'État.

 

Rappel des faits 

 

Urbain Pierre Dangnivo, un cadre du ministère des Finances, avait mystérieusement disparu dans la nuit du 17 au 18 août 2010. Sa voiture, une Audi 80 blanche, avait été retrouvée abandonnée. Ce n'est que des jours plus tard que l'enquête policière avait permis d'interpeller Codjo Cossi Alofa et Donatien Amoussou, soupçonnés d'être impliqués dans la disparition du fonctionnaire. 

 

LIRE AUSSI : Procès-Affaire Dangnivo : Donatien Amoussou révèle comment le patron de la sécurité présidentielle de l'époque lui a demandé de remettre le téléphone de Dangnivo à Océan FM

 

Après de nombreuses années de procédure, le tribunal a finalement décidé de rouvrir le dossier en 2018 pour complément d'enquête. C'est aujourd'hui que les audiences reprennent, avec l'audition prévue des témoins clés de cette affaire.

 

 

10 heures 11 minutes : ouverture de l’audience 


 

À l'ouverture de l'audience, le président de céans a annoncé que trois experts sont attendus pour cette journée, deux Béninois et un Français. Le juge a indiqué que l’audience de ce mercredi 12 mars 2025 ira au-delà de 18 heures 30 minutes. Ensuite, le tribunal annonce l’audition des témoins clés. Les témoins qui sont là sont : Séverin Koumassegbo, ancien chef de la sécurité présidentielle, l'ex ministre de l'éducation, Bernard Lani Davo et l’officier de police républicaine, Enock Laourou 


 

L’ex-chef du renseignement béninois entendu comme témoin 


10 h 23 min : Le premier témoin est convoqué à la barre. Il s'agit du sieur Enock Laourou, l’officier était gendarme au moment des faits. En 2010, il est chef service renseignement Cotonou 2 au et son bureau se trouve au niveau du port de Cotonou. En 2015, il est directeur général du renseignement béninois quand Alofa s'évade de prison. Aujourd'hui, il est contrôleur général de police républicaine. Le tribunal veut l'écouter en tant que témoin. Le juge lui demande de prêter sermen t. « Je le jure », va-t-il promettre. « Comment avez-vous appris  l’affaire Dangnivo », lui demande le magistrat. « Je ne sais vraiment rien. J'ai appris comme tout le monde par voie de presse qu'il y a eu disparition », a-t-il déclaré au sujet de la disparition de Dangnivo.


 

L’officier raconte ensuite au tribunal un épisode de 2012 qu'il présente comme une présumée tentative d'évasion de l’accusé Alofa. « J'ai vu qu'il y avait des policiers et des militaires qui se débattaient autour d'un gars qui tentait de fuir (parlant de Alofa) », affirme l’officier de police républicaine. L’officier de police républicaine indique qu'il avait pensé à un soulèvement des hommes en uniforme avant de se rendre compte que c'était Alofa qui tentait de s'évader. Selon sa déposition, ce jour-là Alofa aurait frappé un colonel avant de tenter de prendre la poudre d'escampette.


 

Cette version de l’ex-patron du renseignement béninois a été contestée par l’accusé Donatien Amoussou qui estime que c'était lui ce jour-là et non l’accusé Alofa. «Je vais m'évader comment ? Comment je vais m'évader alors que j'étais menotté. Il n'y a eu aucun soulèvement », a déclaré l’ex-militaire Donatien Amoussou. De cet épisode, Donatien Amoussou confie que le gendarme Laourou Enock est intervenu avec trois autres gendarmes pour venir à l’aide du Colonel qu'il a tabassé et qui appelait à l’aide. « Il est venu avec trois gendarmes. Quand il a voulu me prendre, les militaires ne sont pas opposés. Ils m'ont mis dans la malle arrière. Dans la voiture, il a parlé couramment le mina. C'était un plan où il était quelque part pour m'achever », ajoute Donatien Amoussou.


 

Devant le tribunal, Donatien Amoussou accuse l’officier de police républicaine de mentir. Mais Enock Laourou affirme qu'il ne connait pas l’accusé Donatien Amoussou. « C'est la troisième fois qu'on se voit. Lui et moi, on se connait très bien. C'est faux, il est juste en train de mentir », va répliquer Donatien Amoussou.


 

Lors de l’audience du mardi 11 mars 2025, Codjo Alofa a déclaré que des personnalités lui apportait des cadeaux en prison. À la question du président de savoir si l’officier Enock Laourou en faisait partie, la réponse de Alofa est catégorique : « Il ne fait pas partie de ceux qui apportent les cadeaux ».


 

Dans sa déposition, Donatien Amoussou raconte également un autre épisode de cette affaire et qui date de l’année 2013. Le présumé complice de l’assassinat de Pierre Urbain Dangnivo confie qu'un jour des gendarmes du GIGN sont venus l’extraire de sa cellule de la prison civile de Missérété pour l’amener aux services de renseignements chez Enock Laourou. Arrivée chez Enock Laourou, Donatien Amoussou affirme que ce dernier lui a demandé d'endosser la responsabilité de l’assassinat de Pierre Urbain Dangnivo. L’accusé affirme avoir rejeté l’offre.  Face à son refus, Donatien Amoussou déclare au tribunal qu'il a été placé en isolement pendant 62 jours à la prison civile de Missérété. « Tout est faux », répond Enock Laourou.


 

Les questions du tribunal tournent ensuite sur l’évasion de Codjo Alofa en 2015


 

 10 h 40 min : Procureur pour Laourou 


 

Est-ce que vous connaissez le numéro qu'il a utilisé (Alofa)


 

Laourou : On a surveillé son numéro pour savoir où il est allé. Il a fait un appel et on a su qu'il est au Togo.


 

Alofa : « On utilise de portable en prison ? Il sait où j'allais. Je n'ai pas de portable en prison. »


 

Partie civile pour Enock Laourou


 

Maître Zinzindohoué : En 2012 est-ce que Alofa constituait une menace pour l'État ?


 

Enock Laourou alors Directeur des renseignements béninois en 2015 : « J’ai pris des initiatives pour aider à le retrouver. On n'avait pas intérêt à le laisser partir. Je n'ai pas fait de rapport à mon chef. Nous contribuons à rechercher toute personne qui s'évade.»


 

Avocat : Est-ce que vous avez recherché d'autres détenus qui se sont évadés 


 

Enock Laourou : « J'en ai pas fait d'autres mais s'il y en avait eu d'autres, je le ferais », répondant à la question du Maître Zinzindohoué cherchant à savoir si les renseignements ont contribué à rechercher d'autres personnes qui se sont évadées.


 

Comment les renseignements béninois ont eu le numéro de téléphone  togolais de Alofa ?

 

Enock Laourou : Le service utile est d'avoir son numéro et de le ramener. Il a été localisé pour une première fois dès le lendemain de son évasion. Ensuite, il s'est déplacé et cela a pris quelques jours pour le récupérer. Dès qu'ils l'ont récupéré, « ça a pris deux jours pour le remettre à l'interpol béninois »


 

Alofa : Arrivé à Hillacondji, j'ai pris le numéro d'une dame et j'ai appelé la famille. Ensuite j'ai acheté ce numéro et le téléphone à 12000f. C'est ce numéro qu'ils ont tracé. À Lomé, j'ai changé de carte sim. Le 12 mars 2015, je me suis rendu moi-même à la police togolaise et je leur ai demandé de me remettre à la justice béninoise et non à la police béninoise.

 

Alofa : Ceux qui m'avaient fait évader ont porté des cagoules. 

 

Après son extradition du Togo, Alofa raconte que 58 gardes corps issus de la sécurité présidentielle restaient avec lui tout le temps en prison. 

 

De cet épisode, son avocat Maître Théodore Zinflou s'en souvient également.  L’homme de droit fait savoir au tribunal qu'on lui a assigné deux sergents quand il a voulu rencontrer son client, à qui il a été commis d'office. L’avocat affirme s'être opposé et s'être plaint au Procureur général.

 

Un expert français confirme que les restes du corps retrouvés chez Alofa sont ceux de Dangnivo
 

14 heures 05 minutes : L'audience est reprise après une heure de suspension. Après la reprise, c'est Guillaume Monique, un expert français et médecin légiste qui est convoqué à la barre. Le Français est intervenu par visioconférence devant le tribunal de Cotonou. L’expert est convoqué pour livrer les conclusions de ses analyses de contre-expertise sur les restes du corps humain retrouvés chez l’accusé Alofa à Womey en 2010. Ce sont ces restes humains qui ont été présentés comme le corps du disparu Pierre Urbain Dangnivo. 

 

Cette contre-expertise a été réalisée à la demande de la famille de Dangnivo. Ces  contre-expertises concernent des prélèvements effectués sur des parties du corps retrouvé ( prélèvements anatomiques, prélèvements tissulaires, prélèvements sanguins) ainsi que des enfants de Pierre Urbain Dangnivo et des membres de sa famille. Selon les résultats de cette contre-expertise, les restes du corps retrouvés sont parentés à 99,99 % aux membres de la famille Dangnivo notamment ses enfants. 

 

Le ministère public ainsi que la partie civile ont interrogé l’expert sur ses résultats. Il a précisé que ce pourcentage permet d'affirmer que le corps présenté comme celui de Dangnivo est parenté à sa famille. Quand le tribunal lui a demandé de confirmer si les résultats étaient celui de Dangnivo, il est affirmatif sur le profil ADN entre celui des restes du corps et ceux des membres de la famille Dangnivo. Il confirme que c'est bien le corps du disparu Pierre Urbain Dangnivo.

 

Des inexactitudes relevées dans les travaux du médécin légiste ayant examiné les restes du présumé corps de Dangnivo

 

15 heures 00 minutes : l’Expert, Professeur Anatole LALAYE, est entendu par le tribunal. L’homme est médecin biologiste. Au cours de sa déposition, l’expert revient sur l’épisode d'extraction du présumé corps de Pierre Urbain Dangnivo à Womey. « Le 27 septembre 2010, le corps a été extrait à Womey. J'ai été instruit pour effectuer les examens et j'ai utilisé la technique d'empreinte génétique. De mes premières analyses, j'ai conclu et j'ai transmis mes résultats suivants au tribunal le 11 avril 2011 », a-t-il déclaré. Le professeur confie que l’analyse génétique des prélèvements effectués montre un profil humain masculin unique et l'analyse génétique des tissus mous de la dépouille montre un profil humain masculin unique. « Les deux profils masculins uniques sont identiques. N'ayant pas accès à d'éléments de comparaison, nous nous sommes arrêtés là », signale-t-il au tribunal.


 

Ensuite, l'expert affirme avoir eu accès à des personnes pour la comparaison en juillet 2018. « Il y a eu prélèvement sanguin sur les nommés Carmen, Prudence, Prudencia  Dangnivo ( des enfants de Pierre Dangnivo ), Félicienne Agossou, mère des enfants et Gloria Dangnivo. Le profil génétique de ces cinq personnes a été établi et a été comparé d'une part avec leur mère et d'autre part avec les résultats précédents », a-t-il déclaré.


 

Selon le médecin biologiste Lalèyè, la comparaison montre que « la bande paternelle de chacune de ces personnes (enfants) est présente. La paternité est supérieure à 99,99% ». Il déduit donc que l'hypothèse selon laquelle le corps retrouvé serait le père de Carmen, Prudence et Prudencia  Dangnivo « est tout à fait compatible avec l'analyse des résultats ». Il a précisé avoir travaillé avec les restes de corps humains présentés dans un bocal par le présumé assassin comme ceux de Dangnivo mais affirme n’avoir pas eu de contre-expertise.


 

16 heures 45 minutes : Après les deux premiers experts, c'est le tour de l’expert Clément Kpadonou d'être entendu. C'est cet expert qui a autopsié le corps présenté comme celui de Dangnivo. Les questions du tribunal vont porter sur l’exhumation du corps en septembre 2010. C'est le procureur de Cotonou qui est à la manœuvre : « Au moment de l’exhumation en 2010, le corps était complet ? ». « Je ne réponds pas aux questions qui ne sont pas dans le cadre de ma réquisition sur décision du procureur », a-t-il répondu. 

 

Le médecin revient ensuite sur l’épisode de l’exhumation du corps humain retrouvé chez le présumé assassin Alofa. « Un monsieur qui est là (devant le tribunal, ndlr) m'a présenté un bocal. Dans ce bocal, il y a des organes humains », a-t-il déclaré. Mais quand le tribunal lui demande s'il pouvait indiquer parmi les deux accusés qui s'est ? Il a répondu qu'il ne pouvait pas indiquer aujourd'hui qui s'était exactement.

 

Le médecin légiste revient ensuite sur l’épisode de l'exhumation du corps de Pierre Urbain Dangnivo. Le 27 septembre 2010, il confie qu'il a été sollicité pour un corps qui a été retrouvé à Womey. Il a reçu l'ordre de s'y rendre pour procéder à l'exhumation et, si nécessaire, à l'autopsie.

 

Il raconte s'être rendu sur place et avoir trouvé un corps enterré directement dans le sol. Ils l'ont exhumé. Le suspect présumé les a ensuite conduits dans un buisson et leur a montré un bocal contenant des restes. Le médecin n'a cependant pas pu confirmer si la dépouille était complète. Un huissier a scellé le bocal sur place.

 

Interrogé sur la possibilité que le corps ait été exhumé ailleurs puis enterré à Womey, le médecin légiste déclare qu'il ne peut le confirmer. Clément Kpadonou précise que normalement, il intervient sur un site sécurisé, et que tout le monde ne peut pas être présent lors de l'exhumation, comme cela a été le cas ici.

 

Concernant la taille du corps exhumé, un avocat de la partie civile, Me Olga Anassidé a signalé au tribunal que le rapport mentionne 1,67 m comme la taille de Pierre Urbain Dangnivo. Une taille qu’elle conteste. Mais le médecin légiste souligne que cette mesure ne peut être qu'approximative, car sur un corps en décomposition, la taille réelle ne peut être déterminée.

 

Selon le médecin légiste Clément Kpadonou, chargé de l'autopsie, et répondant à la partie civile, il y a eu la mise sous scellé de la dépouille devant lui et c'est à l'aide d'un instrument qu'il a déterminé la taille approximative de la dépouille. Après l'autopsie, il a constaté qu'il y a eu au niveau de la tête « enfoncement de l'os frontal avec perte de substance osseuse et écrasement de la face de la tête ». Au niveau du pubis, il a constaté la présence d'un « poil noir crépu et la putréfaction avancée ne permet pas de se prononcer sur le sexe ». Le médecin légiste n'a pas été en mesure d'estimer le moment du décès pour satisfaire la curiosité du procureur. Il a affirmé avoir vu un couteau sans manches sous la dépouille, mais que les lésions au niveau de la tête (écrasement du visage) sont le fruit d'un objet contondant.

 

Le médecin assure avoir été présent lors de la mise sous scellé du corps, réalisée le 27 septembre 2010 à Womey, en présence d'un huissier. C'est lui qui a demandé qu'un expert en ADN l'accompagne sur les lieux. L'exhumation elle-même ne s'est pas avérée difficile.

 

17 heures 54 minutes : l'audience est suspendue pour être reprise dans 30 minutes

 

 

L’ex-ministre Lani DAVO affirme avoir rencontré Amoussou en prison pour lui remettre de l’argent au nom de Boni Yayi après l’appel d’un présumé militaire



 

18 heures 45 minutes : Reprise de l'audience 


 

18 heures 54 minutes : Après la déposition d'un médecin, l’ex-ministre de l’enseignement secondaire est à la barre. Il a pour nom : Bernard Lani DAVO. Il a été patron du ministère de l’enseignement secondaire et de l’enseignement technique de 2008 à juin 2010. Il est entendu par le tribunal comme un témoin. Le juge lui demande de décliner son identité. DAVO se présente comme un administrateur des banques. Il jure de dire toute la vérité au tribunal. « Est-ce que vous le connaissez », lui demande le juge. « Non, je ne le connais pas », répond l’ex-ministre dont la réponse surprend l’assistance.


 

L’ex-ministre Bernard Lani DAVO raconte ensuite comment les circonstances de sa rencontre avec le présumé complice Donatien Amoussou à la prison civile de Missérété. En 2010, quelques mois après son départ du gouvernement de Boni YAYI, l’ex-ministre affirme qu'il a cherché à voir en vain son ex-patron Boni Yayi. Il affirme avoir déposé un courrier de demande d'audience. Alors qu'il se rendait un de ces jours dans son agence de Canal+ à Porto-Novo, Bernard Lani DAVO confie au tribunal avoir été appelé par un militaire de la garde rapprochée de Boni YAYI. 


 

Selon sa déposition, ce militaire l’aurait appelé au nom du président de la République et lui aurait dit que Boni Yayi est séjour au nord du Bénin se rendait urgemment en voyage à l'étranger et qu'il allait le recevoir dès son retour. L’ex-ministre ajoute que le militaire lui a demandé que Boni Yayi veut qu'il aille remettre 200 000 f à un détenu du nom de Amoussou à la prison de Missérété. Bernard Lani DAVO confie qu'il a déclaré qu'il n’avait pas l'argent. Il affirme que le militaire a insisté et il a finalement accepté de se rendre à la prison civile de Missérété pour remettre 50 000 f au détenu Donatien Amoussou. 


 

Il déclare que c'est la seule fois qu'il a rencontré l’accusé Donatien Amoussou.  Quelques temps après, Bernard Lani DAVO indique s'être rendu à côté de l’Institut français à Cotonou situé près de la présidence de la République et a essayé de joindre sans succès le militaire qui l’a appelé au nom du président Boni Yayi. Depuis cet événement, l’ex-ministre affirme n’avoir plus jamais rencontré Boni Yayi ni Donatien Amoussou. « Je me suis dit que si ce n’était pas des escrocs au sein de la garde rapprochée du président qui m’avaient appelé ».


 

La version de l'ex-ministre Bernard Lani DAVO est contesté par l’accusé Donatien Amoussou. Après cette première visite, Donatien Amoussou confie qu'il est venu notamment le voir deux autres fois en 2013 à la prison civile de Missérété avec respectivement des enveloppes de 150 000 FCFA et 200 000 FCFA. Le présumé complice de l’assassinat de Pierre Urbain Dangnivo affirme qu'il lui faisait régulièrement des abonnements Canal+. Une version que rejette l’ex-ministre. C'est alors que Donatien Amoussou rappelle au tribunal que Davo avait déjà rejeté devant le juge de la commission d'instruction qu'il n'était jamais venu le voir en prison, mais qu'il a fallu lui rappeler que son nom était enregistré dans les registres de la prison avant qu'il ne se rétracte. 

 

Le témoignage à polémique de l'ex-commissaire Alédji, membre de la commission d'enquête de l’affaire Dangnivo


 

Après l’ex-ministre Bernard Lani Davo, c'est l’ex-officier de police, Prince Mohamed Alédji, membre de la commission d'enquête qui s'est occupée de l'affaire Dangnivo, qui a été entendu par le tribunal. Il affirme devant le tribunal avoir été enquêteur et qu'avant l'enquête, il ne connaît pas les accusés.

 

Il déclare que le premier indice de l'enquête venait de Grégoire Dangnivo, grand-frère de Pierre Urbain Dangnivo. C'est dernier qui aurait informé qu'il y aurait une dame qui a fait un enfant à Urbain Dangnivo et qui l'avait menacé parce que ce dernier n'aurait pas reconnu l'enfant, apprend Alédji.

 

Selon son témoignage, c'est cette dame qui leur a permis de tomber sur la piste du principal accusé Alofa. « C'est Alofa qui a identifié Amoussou comme son complice. On lui avait présenté trois personnes, y compris Amoussou. Il a reconnu aussi connaître Dangnivo qui lui a demandé d'éliminer le supposé enfant qui est né hors vie conjugale ». Aledji a également déclaré au tribunal que Alofa était en garde à vue au commissariat de Godomey pour vol de moto quand son nom a été cité dans l'affaire et qu'ils l'ont extrait de la prison pour la gendarmerie après autorisation du Procureur. 

 

Répondant à la partie civile, Aledji a déclaré qu'ils n'ont pas eu d'autres preuves incriminant Donatien Amoussou en dehors de la déclaration de Alofa. « On les a juste confrontés une ou deux fois et Amoussou n'a pas reconnu les déclarations de Alofa. Les deux se connaissent, mais dans quelle circonstance, je ne saurais le dire », a-t-il déclaré. L'ex-patron de la police judiciaire de Cotonou affirme que le sieur Alofa aurait passé plus de dix appels  avec Dangnivo entre le 12 et le 17 août 2010. Cette version est contestée par les avocats de la partie civile. 

 

À sa prise de parole, Alofa a déclaré que « c'est lui (Alédji, ndlr) qui m'a demandé d'incriminer Donatien, je ne savais même pas qu'il s'appelait Amoussou. Il m'a demandé de l'incriminer en déclarant que c'est lui qui a apporté la potion qui a tué Dangnivo. Pour identifier Donatien (Amoussou, ndlr) ils m'ont présenté plus de 10 personnes. Le mot de passe pour savoir que c'est telle personne je dois incriminer est "Manges tu du chewing-gum ? ».

 

Alofa a aussi déclaré que c'est Alédji qui lui a donné le nom Cossi. « Ils m'ont donné un portable et m'ont demandé d'affirmer que c'est pour Dangnivo. Alédji m'a torturé jusqu'à dire qu'il peut m'attacher une pierre au cou et me jeter dans la mer ». 

 

Dans sa déposition, Donatien Amoussou a déclaré que ceux qui étaient avec lui pour l'identification étaient aussi complices du coup monté. « Ma mère est décédée en 2019 et ils m'ont refusé d'y aller. Ils ont péché contre moi mais moi, je les pardonne », a-t-il ajouté. Les dépositions entre les deux accusés et l’ex-commissaire de police nationale sont apparus contradictoires, rapporte l’envoyé spécial de Libre Express.

 

21 heures 45 minutes : suspension de l’audience pour être reprise demain jeudi 13 mars 2025. 


 

Fin du direct 


 

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