C'est une annonce qui fait l'effet d'une bombe au Sénégal. Le gouvernement a affirmé que l'ancien président Macky Sall, qui a dirigé le pays pendant 12 ans, sera "appelé devant la justice" en raison de sa gestion controversée des finances publiques durant son second mandat.
Si des poursuites judiciaires sont effectivement engagées, ce serait la première fois dans l'histoire du Sénégal, pays réputé démocratique depuis son indépendance en 1960, qu'un ancien chef d'État soit traduit en justice dans le cadre de ses fonctions.
« Inévitablement, il fera face à la justice. Il est le premier responsable d'actes extrêmement graves qui ont été posés » , a déclaré vendredi 28 février 2025 Moustapha Ndiack Sarré, ministre et porte-parole du gouvernement, sur la radio privée RFM.
Macky Sall, installé au Maroc, avait pourtant affirmé jeudi 27 février 2025 dans Jeune Afrique « n'avoir peur de rien concernant d'éventuelles poursuites ». Il a dénoncé « un procédé politique » à propos d'un rapport de la Cour des comptes publié le 12 février 2025 qui met en cause la gestion des finances publiques durant son second mandat.
« On peut même le considérer comme le chef de gang qui a commis des actes criminels »
Mais le gouvernement n'a pas mâché ses mots. « Des poursuites judiciaires ne sauraient être évitées », a martelé le ministre Sarré, allant jusqu'à affirmer que l'ex-président Sall « peut être considéré comme le chef de gang qui a commis des actes criminels »
Selon le porte-parole du gouvernement, la Cour des comptes, qui a publié le rapport accablant, est « l'une des institutions les plus crédibles » du Sénégal. Il a donc appelé Macky Sall à « demander pardon » pour les « faux chiffres » révélés dans ce document.
Le ministre a toutefois rappelé que l'ex-président bénéficie d'un « privilège de juridiction » en tant qu'ancien chef de l'État. « Si la justice trouve qu'il n'a rien fait, il sera épargné », a-t-il assuré.
C'est devant cette Haute Cour de justice, installée fin décembre 2024 par l'Assemblée nationale, que Macky Sall pourrait comparaître. Cette juridiction spéciale peut en effet juger le président de la République et les membres du gouvernement pour "haute trahison".
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