Les mises au point de Théodore Holo. Dans une interview accordée à Bip radio, le constitutionnaliste Théodore Holo s'est prononcé sur la question du passage du Bénin à une nouvelle République suite à la révision constitutionnelle de 2019. Ancien président de la Cour constitutionnelle, il considère que le problème est déjà réglé.
Selon lui, l'article 2 de la loi de révision de 2019, validée par la Cour constitutionnelle, indique clairement que « la loi de révision de la Constitution ne constitue pas une nouvelle Constitution ». Une précision importante, car c'est bien l'adoption d'une nouvelle Loi fondamentale qui marque le passage à une nouvelle République, affirme l'expert.
Le professeur Holo s'appuie sur l'exemple de la France pour étayer son raisonnement. Il rappelle qu'entre 1958 et 2024, la Constitution française a été révisée à 25 reprises, sans pour autant que l'on parle de nouvelles Républiques successives. « Si on était dans une nouvelle République, la France serait aujourd'hui dans la XXXème République », fait-il remarquer.
De même, en 2000, le passage du mandat présidentiel de 7 à 5 ans n'a pas été considéré comme l'avènement d'une nouvelle République en France. « Ce n'est pas parce que les gens disent que c'est une nouvelle République, que c'est une vérité scientifique », insiste Théodore Holo.
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L'ancien président de la Cour constitutionnelle béninoise souligne que seuls les changements constitutionnels intervenus après une révolution, un coup d'État ou une conférence nationale ayant abouti à l'adoption d'une nouvelle Loi fondamentale, peuvent être assimilés à l'avènement d'une nouvelle République.
Or, au Bénin, la révision constitutionnelle de 2019 n'a pas répondu à ces critères, selon lui. « Il n'y a pas de nouvelle République au Bénin », tranche Théodore Holo. Il rappelle que les moments où le pays a connu de véritables changements de République remontent au coup d'État de 1963 et à la Conférence nationale de 1990.
Avec cette prise de position claire, l'ancien président de la Cour constitutionnelle du Bénin entend mettre fin aux débats sur le prétendu basculement du Bénin dans une nouvelle ère constitutionnelle. Ses propos s'appuient sur une analyse juridique rigoureuse, en opposition avec les discours politiques qui ont parfois qualifié hâtivement la révision de 2019 sous Patrice Talon de nouvelle Constitution.
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