En Côte d'Ivoire, le procureur de la République a requis 20 ans de prison ferme ainsi qu'une amende de 10 millions de FCFA à l'encontre de Damana Pickass, deuxième vice-président du Conseil stratégique et politique du Parti des peuples africains-Côte d'Ivoire (PPA-CI). Quatre autres co-accusés font également l'objet de cette réquisition.
Selon le procureur Braman Koné, Damana Pickass et ses complices sont poursuivis notamment pour « atteinte à la défense nationale », « complot contre l'autorité de l'État » et « association de malfaiteurs ». Cette affaire fait suite à l'attaque d'un camp militaire à Abobo, survenue dans la nuit du 20 au 21 avril 2021, au nord d'Abidjan.
D'après le ministère public, cette attaque a été préparée par des personnes « qui n'ont jamais accepté la défaite électorale de 2010 ». Après l'échec de la désobéissance civile en 2020, les cinq accusés auraient « formé une entente en vue de renverser le régime ». Leur objectif était notamment de mener plusieurs attaques simultanées contre des postes de police et de gendarmerie pour récupérer des armes, en s'appuyant sur d'anciens militaires.
Désigné comme le présumé instigateur de cette opération, Damana Pickass, cadre du PPA-CI et ancien secrétaire général du parti de Laurent Gbagbo, fait l'objet de poursuites judiciaires depuis 2023. Selon le procureur, ce dernier aurait donné son accord à l'un des co-accusés, Jean-Claude Egny, pour exécuter ce plan, bien qu'il nie les faits. « Pickass est cité comme étant le financier », a insisté Braman Koné.
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La défense rejette ces accusations, dénonçant un « procès politique » et pointant le manque de preuves dans le dossier. « Le procureur s'est contené de relater et de fonder toute son accusation sur des allégations dépourvues de tout fondement sérieux », a déclaré Me Roselyne Aka-Serikpa, l'avocate de Damana Pickass.
Cette affaire s'inscrit dans un climat politique tendu en Côte d'Ivoire, à l'approche de l'élection présidentielle d'octobre 2025. Plusieurs figures de l'opposition, comme Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro, ont été condamnées à 20 ans de prison et pourraient être exclues du scrutin, sauf rebondissement juridique.
Le PPA-CI a dénoncé un « acharnement » contre ses cadres, y voyant une manœuvre visant à affaiblir le parti et à écarter les proches collaborateurs de Laurent Gbagbo, candidat potentiel à la prochaine élection présidentielle. Selon le parti, ces poursuites s'inscrivent dans une volonté de « museler » l'opposition à travers l'instrumentalisation de la justice.
Le verdict est attendu pour le mercredi 12 février 2025, date à laquelle le tribunal rendra sa décision.
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