Une attaque en règle contre Patrice Talon. Dans son discours, Adrien Houngbédji n'a pas mâché ses mots pour s'en prendre frontalement au président Talon. Qualifiant Olivier Boko, un homme d'affaires emprisonné et condamné à 20 ans de prison, de "victime", il a remis en cause la légitimité des poursuites judiciaires engagées contre lui. De même, il a vivement critiqué "l'exclusion politique" sous le régime de Patrice Talon, laissant entendre que celui-ci serait responsable de l'emprisonnement et de l'exil de certains de ses opposants.
Ces attaques explicites contre le chef de l'État béninois, devant une assemblée de partisans, traduisent une volonté manifeste de faire chanter le pouvoir. Adrien Houngbédji semble vouloir rallier l'opinion publique à sa cause, en se posant en défenseur des "victimes" de la répression politique.
Le retour des exilés, un cheval de Troie pour 2026 ?
Mais le point le plus révélateur des intentions d'Adrien Houngbédji concerne son insistance sur le retour des exilés politiques. Selon lui, c'est "essentiel pour la réconciliation nationale". Or, on sait que le président Talon a toujours refusé catégoriquement tout chantage lié à cette question.
En remettant ce sujet sur la table, de manière aussi inopportune, Houngbédji semble vouloir forcer la main de Talon. Son objectif serait probablement de faire du retour des exilés une condition sine qua non à son soutien lors de la prochaine présidentielle. Une manière de peser sur le processus électoral à venir.
Un vieux renard qui flaire la fin du cycle Talon
À 83 ans, Adrien Houngbédji n'en est plus à son premier tour de passe-passe politique. Après avoir été un proche partenaire de Patrice Talon, le voilà aujourd'hui qui le prend ouvertement pour cible. Cette volte-face soudaine n'est pas sans rappeler son attitude opportuniste lors des dernières présidentielles.
À l'approche de la fin du second mandat de Talon en 2026, Houngbédji semble flairer le vent du changement. Il espère probablement peser de tout son poids politique dans la prochaine séquence électorale, quitte à devoir faire chanter son ancien allié. Son discours révèle ainsi une stratégie électoraliste à peine voilée, au détriment de l'intérêt général.
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Face à ces manœuvres politiciennes, le président Talon devra faire preuve d'une grande fermeté et d'une totale intransigeance. Car céder au chantage d’Adrien Houngbédji ouvrirait la porte à d'autres tentatives de chantage du processus électoral à venir. Le Bénin mérite mieux que ces jeux de pouvoir.
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