Mercredi 22 janvier 2025, le procès tant attendu des 4 milliards disparus à la DGI s'est poursuivi avec la déposition de l'ensemble des prévenus. Chacun a apporté sa version des faits dans cette affaire qui défraie la chronique depuis plusieurs mois.
Gisèle Salanon, la sœur du féticheur Blaise Salanon, a expliqué comment son frère lui a demandé d'aller chercher de l'argent dans son coffre-fort, de payer les avocats et de prendre soin du reste pour lui faire le point à sa sortie de prison. "Mon frère Blaise m'a appelée pour me dire d'aller récupérer de l'argent dans son coffre-fort et de m'en occuper en attendant son retour. Il m'a demandé de payer les avocats et de garder le reste en sécurité", a-t-elle expliqué à la barre.
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Son frère Marc Salanon a quant à lui révélé comment il a changé la plaque d'immatriculation du véhicule de Carlos Adohouannon, l'ex-régisseur de la DGI, et l'a caché pendant que ce dernier était en cavale. "Oui, j'ai changé la plaque du véhicule de Carlos et je l'ai caché chez moi pendant qu'il était recherché. C'est ma sœur Gisèle qui m'a demandé de le faire", a-t-il déclaré.
De son côté, Romains Awessou a affirmé que c'est la grande sœur Gisèle Salanon qui lui a remis un sac rempli d'argent, en lui disant que c'étaient des documents, et que c'est chez lui que Marc Salanon est venu cacher le véhicule de l'ex-régisseur. "Gisèle m'a donné un sac en me disant qu'il y avait des documents dedans. C'est ensuite que Marc est venu cacher la voiture de Carlos chez moi", a-t-il indiqué.
Réquisitions
Dans ses réquisitions, le ministère public a fait référence aux écrits de Karl Marx et à des proverbes fons. Face au constat de l'abandon de poste de Carlos Adohouannon, la DGI a saisi la Brigade Économique et Financière (BEF) d'une plainte pour la disparition de plus de 4 milliards de francs CFA.
Les investigations ont révélé que la maison de l'ex-régisseur était au nom de Blaise Salanon, un ancien technicien de radio et féticheur de plusieurs personnalités africaines telles que Dadys Camara, l'ancien président de Guinée, et Laurent Gbagbo, l'ancien président ivoirien. Blaise Salanon a été interpellé avec d'importants fonds en liquide, un billet d'avion et un passeport. Il a alors appelé sa sœur Gisèle Salanon qui a déménagé pour remettre l'argent à leur frère Marc Salanon afin de le cacher.
Selon le ministère public representé par le premier substitut Armand Donald Hounguè, il existe un lien très "poussé sur fond religieux" entre Carlos Adohouannon et Blaise Salanon. "Blaise Salanon ne veut pas assumer le lien qui l'unit à Carlos Adohouannon alors que sa femme lui avait dit que l'opulence a commencé à partir de 2017", a souligné le procureur.
Le ministère public a requis 30 ans de réclusion criminelle et 1 milliard d'amende à l'encontre de Carlos Adohouannon pour détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux. Contre Blaise Salanon, il a également requis 30 ans de prison et 1 milliard d'amende pour complicité de détournement et blanchiment.
Quant aux autres prévenus, à savoir Lambert Able, le directeur général des ressources de la DGI, Gisèle et Marc Salanon, la grande sœur et le petit frère de Blaise Salanon, Victorine Hounnou, la cousine des Salanon, Edoh Paul, le chauffeur du féticheur, et Romains Awessou, un employé du féticheur, le ministère public a demandé leur acquittement, estimant qu'ils n'ont pas pu commettre d'actes infractionnels.
Pour le procureur, Able n'a pas pu élucider certaines remises de chèques, tandis que Gisèle et Marc Salanon sont poursuivis pour recel de malfaiteurs et non-dénonciation de crime et blanchiment de capitaux, pour avoir changé la plaque du véhicule de Carlos Adohouannon et caché ce dernier. Cependant, le ministère public a estimé que Victorine Hounnou, Edoh Paul et Romains Awessou n'ont pas pu poser d'actes répréhensibles.
L'État béninois réclame plus de 7,5 milliards de francs CFA pour toutes causes de préjudices confondus, ainsi que la confiscation des biens meubles et immeubles des accusés, rapporte l'envoyée spéciale de Libre Express.
Les avocats de la défense viennent de commencer leurs plaidoiries dans cette affaire hors norme qui tient en haleine l'opinion publique béninoise.
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