« La culture est le moyen le plus court par lequel on peut s’unir ». Cette phrase, prononcée par le Dr. Bonny A. Botoku, résume l’essence de la 5ᵉ édition du Festival International Couleurs d’Afrique. Ouvert le mardi 26 novembre 2024 au Bénin, l’événement a débuté avec l’accueil des délégations étrangères, avant de marquer un temps fort lors de la conférence inaugurale du jeudi 28 novembre, tenue à l’École du Patrimoine Africain (EPA), à Porto-Novo.
Une conférence riche en échanges culturels
Sous le thème « Diversité culturelle Afrique-Caraïbes : enjeux et défis majeurs », la conférence inaugurale a permis de mettre en lumière les connexions profondes entre les cultures africaines et caribéennes. Modérée par Esckil Agbo, elle a réuni des intervenants de renom, dont Ériyomi Adéossi (Bénin), Isabelle Florenty (Martinique), Eusébia Fatoma (Madagascar) et le Dr. Bonny A. Botoku (Nigéria).
Les discussions ont tourné autour des thèmes tels que l’héritage de l’esclavage, les pratiques culturelles et l’impact de la musique. Eusébia Fatoma, par exemple, a souligné les similitudes entre le Bénin et le Madagascar au niveau culturel. Elle a mentionné le retournement des morts, une pratique malgache où, plusieurs années après un enterrement, les tombes sont ouvertes pour nettoyer les os, les envelopper dans un nouveau linceul, puis les réenterrer. Une tradition similaire existe au Bénin et au Nigeria, mais sans ouverture des tombes.
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De son côté, Isabelle Florenty a évoqué le bèlè, un art martiniquais mêlant chant, danse et contes, qui témoigne des racines africaines présentes dans les Caraïbes. Un autre point commun frappant entre les pays représentés est la figure du devin ou prêtre : le boconon au Bénin, le babalao au Nigéria et le garde des affaires en Martinique. Ces figures incarnent une continuité culturelle et spirituelle au-delà des frontières.
Le Dr. Botoku a également affirmé que le Bénin et le Nigeria ont beaucoup de choses en commun sur le plan culturel. Il a évoqué les Egungun, communs au Bénin et au Nigeria, et d’autres danses royales réservées aux initiés. Il a exprimé son désir de voir la création d’un culte en hommage aux Africains morts à l’étranger, notamment pendant la traite négrière, pour apaiser leurs âmes.
Une programmation variée et inclusive
Au-delà de la conférence, le festival offre une riche diversité d’événements. Le vendredi 29 novembre, une master-class sur les percussions traditionnelles béninoises et martiniquaises a captivé les participants, sous la supervision de maîtres tels que Raphaël Shéyi et Jah Baba. La journée s’est conclue par un spectacle de danse, musique et conte, avec des performances de la Compagnie ObiDjoul de Martinique, de la chanteuse Eusébia de Madagascar et la Compagnie Pètèmpè du Bénin.
Le samedi 30 novembre, le Débat Couleurs d’Afrique a réuni auteurs et chercheurs pour une réflexion sur le vodun, l’esclavage et la traite négrière, enrichissant davantage les discussions amorcées lors de la conférence inaugurale.
Une expérience à ne pas manquer
En parallèle des activités culturelles, des visites touristiques et mémorielles, telles que les Places Voduns d’Adjina et Yedomè, la Route des Esclaves et la Porte du Non-Retour à Ouidah, invitent les participants à explorer le patrimoine béninois.
Ce festival, toujours en cours jusqu’au mercredi 4 décembre 2024, incarne l’ambition de son promoteur, Ériyomi Adéossi : valoriser les patrimoines culturels africains tout en renforçant les liens entre leurs peuples.
Le festival met en lumière les patrimoines africains et caribéens tout en créant des liens entre les acteurs culturels pour faire rayonner la culture africaine. « La culture est le moyen le plus court par lequel on peut s’unir », ont conclu les festivaliers. Cette édition du Festival International Couleurs d’Afrique en est la parfaite illustration.
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