Orano, le leader mondial de l'exploitation de l'uranium, fait face à une crise majeure dans sa filiale nigérienne. La Société des mines de l'Aïr (Somaïr), contrôlée à 63,4% par Orano, va suspendre ses activités dès le 31 octobre 2024. Cette décision fait suite à l'impossibilité d'exporter près de 1.050 tonnes de concentré d'uranium, produites depuis 2023 sur le site d'Arlit, bloquées en raison de la fermeture des frontières avec le Bénin.
Cette situation prive l'entreprise de près de 300 millions d'euros de revenus, un coup dur alors que le groupe affiche déjà des pertes de 133 millions d'euros au premier semestre 2024. « On est dans la contrainte, dans l'impossibilité de continuer », a déclaré la porte-parole d'Orano, qui a dû faire face à de nombreuses difficultés ces derniers mois. En juin 2024, les autorités nigériennes avaient déjà retiré le permis d'exploitation d'Imouraren à Orano, entraînant des dépréciations d'actifs supplémentaires.
La suspension de la production à Somaïr représente un nouveau revers majeur pour le groupe, déjà fragilisé par cette situation. Au total, les pertes liées aux difficultés rencontrées au Niger s'élèvent à près de 433 millions d'euros pour Orano en 2024. Un impact financier considérable pour le groupe, qui devra surmonter cette crise dans un contexte économique et géopolitique particulièrement tendu.
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Au-delà des enjeux financiers, cette décision aura un impact social important. Le site emploie 780 collaborateurs et 780 sous-traitants, pour la plupart Nigériens, dont les salaires sont garantis jusqu'à fin 2024 mais dont l'avenir reste incertain, rapporte Actu Niger.
Cette crise survient dans un contexte de tensions croissantes autour de l'exploitation des ressources naturelles au Niger. Le régime militaire, désireux de renégocier les accords avec les compagnies étrangères, a récemment créé une société d'État pour mieux contrôler l'exploitation de l'uranium.
Malgré ces difficultés, Orano se veut rassurant sur l'approvisionnement en uranium de ses clients français, grâce à la diversification de ses sources d'approvisionnement, notamment au Canada et au Kazakhstan. Mais la suspension de la production au Niger représente un coup dur pour le groupe, qui devra surmonter cette épreuve dans un contexte économique et géopolitique particulièrement tendu.
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