Depuis sa création en 2018, la CRIET fait l'objet de nombreuses critiques en raison de la sévérité des peines qu'elle prononce. Lors de sa première rentrée judiciaire solennelle, qui s'est tenue le 9 octobre 2024 à Cotonou, le bâtonnier de l'ordre des avocats du Bénin, Angelo Hounkpatin, n'a pas hésité à s'élever contre cette politique répressive.
« Si elle avait eu les atouts de sa spécialisation, la CRIET souffre à présent des revers de sa boulimie tant sa compétence matérielle s'est étendue depuis sa création », a d'abord déclaré le bâtonnier dans son discours. Selon lui, « dans cette œuvre de justice, la CRIET a, au risque même de son impopularité, rompu avec la terminologie ambiante des juridictions de droit commun en prenant l'option pour une sévérité pénale certainement dans un but de dissuasion ».
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Mais du « banc de la défense » qu'il représente, Angelo Hounkpatin a plaidé « pour sa tempérance dans l'administration des peines plutôt que ce sentiment de terreur qu'elle inspire aux citoyens ». Il a ajouté que « l'histoire n'a de cesse de nous enseigner par rapport aux excès dans la répression, que le remède draconien n'a toujours pas été la plus efficace pour guérir le mal autour, lorsque l'ignorance s'en mêle et que des paramètres échappent à la connaissance ».
Le bâtonnier a également recommandé une formation de qualité pour les magistrats et avocats afin « d'élever le niveau des débats judiciaires lors des procès devant la CRIET». Selon lui, « il faut déjà que tous les acteurs de la CRIET absorbent le nouveau droit pénal pour en maîtriser les méandres et les subtilités, gage d'une justice de qualité ».
Créée en 2018, la CRIET est une juridiction spécialisée dans la répression des infractions économiques, financières, cybernétiques, terroristes et de blanchiment de capitaux. Mais ses compétences ont été élargies aux infractions liées au sexe, aux personnes et à la protection de la femme.
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