L’avocat a déclaré à la presse qu'aucun élément matériel ne liait Olivier Boko aux faits qui lui sont reprochés par le parquet spécial de la CRIET. Les mises au point de l’avocat à lire dans cette interview.
Que retient-on après cette longue journée?
Réponse : Vous devez d'abord retenir que les personnes poursuivies dont Monsieur Olivier Boko et Monsieur Oswald Homeky ainsi que M. Gbaguidi, si ma mémoire est exacte, ont fait l'objet de mandat de dépôt. Ce qui signifie qu'ils sont envoyés dans une maison d'arrêt en attendant la décision.
Combien de personnes sont finalement poursuivies dans ce dossier ? Et surtout, décrivez-nous la procédure parce qu'entre temps pour les arrestations des avocats dans votre sortie, vous avez relevé des irrégularités.
Votre question à deux volets distincts. D'abord, le nombre de personnes. Il y a eu cinq personnes qui sont poursuivies et il faut retenir que de façon schématique, trois ont fait l'objet de mandat de dépôt et les deux autres sont poursuivies sous contrôle judiciaire. Techniquement, ça signifie qu'ils bénéficient d'une poursuite sans mandat mais avec une liberté relativement restreinte. Et donc, ils vont retourner chez eux après avoir accompli certaines formalités.
La procédure aujourd'hui a-t-elle été respectée comparativement aux conditions de leurs arrestations?
Oui, la procédure a été respectée. Vous savez, les faits sont criminels et quand les faits sont criminels, la loi exige que l'instruction préparatoire soit obligatoire. C'est-à-dire qu’un juge d'instruction doit connaître des faits et pousser les investigations avant qu'une juridiction, au fond, ne soit saisie. Et donc, pour ce faire, il faut un réquisitoire introductif qui est délivré par le procureur de la République ou le procureur spécial en l'espèce. Et donc, c'est sur cette réquisition ou c'est cette réquisition qui saisit le juge d'instruction. Donc, ce qui s'est passé ce matin a été exact.
Il faut aussi noter que le procureur spécial nous a accordé un bon moment pour que nous puissions prendre connaissance du dossier. Quand il nous a appelé, on lui avait dit que nous n'étions pas prêts, il nous a également accordé du temps. Et donc, quand ça ne va pas, il faut le dire, mais quand ça va, également, il faut le dire. Et après, la comparution devant la chambre d'instruction dont le rôle est de poser l'inculpation. Et après, on s'est retrouvé devant la chambre des libertés et de la détention, dont le rôle, il faille le préciser, n'est pas de connaître du fond du dossier, n'est pas de dire si les faits reprochés aux mises en cause sont constitués ou non.
Mais son rôle est de statuer sur la détention provisoire. C'est-à-dire que lorsque le ministère public estime que les mises en cause doivent être poursuivies ou gardées en détention provisoire en attendant le jugement, le rôle de la chambre des libertés de la détention, c'est de connaître exclusivement de cette question. Et donc, c'est ce qui s'est passé. Nous avons passé les trois étapes, la présentation devant le parquet spécial, la parution devant la chambre d'instruction, et puis nous avons fini ce soir devant la chambre des libertés.
Vos clients ont nié les faits et vous êtes visiblement satisfait. Est-ce que c'est la vraie conclusion quand je la tire comme ça ?
Qui vous a dit qu'ils ont nié ? Les mots en droit, ils ont un sens précis. Vous niez ce que vous aviez fait. Il n'y a pas eu de négation, mais il y a eu la non-reconnaissance. Je tiens à préciser qu'il ne s'est pas agi aujourd'hui, ce soir, de la pertinence ou non des infractions retenues contre les mis en cause. Il s'agit exclusivement de trancher la question de savoir est-ce qu'il faut les poursuivre sans ou avec mandat. Et donc, la chambre des libertés de la détention ne tranche pas le fond du litige.
Cependant, évidemment, pour pouvoir poursuivre quelqu'un, il faut qu'il y ait ce qu'on appelle, en fait, pour pouvoir apprécier d'abord s'il faut poursuivre et en plus s'il faut poursuivre avec mandat, il faut qu'il y ait une certaine charge.
LIRE AUSSI : CRIET : le général Faleti renvoyé en jugement, non lieu pour 09 personnes après 4 ans de prison
Et donc, relativement à cela, ce que je peux vous dire à l'étape actuelle de la procédure, c'est qu'il est révélé à travers les constances du dossier que concernant M. Olivier Boko, il n'existe aucun fait matériel. Vous savez, la justice pénale ne se fonde pas sur des déductions, des présomptions, des suppositions, non. La justice pénale se fonde sur des faits concrets. Et parlant de faits concrets, ils n'existent pas.
Le colonel ( Dieudonné Tévoédjrè, ndlr) qui est présenté comme le chef d'orchestre ou qui peut être présenté comme le chef d'orchestre a reconnu lui-même qu'il n'a eu aucune discussion avec M. Olivier Boco relativement à ce qu'il a appelé une tentative d'atteinte à la sécurité de l'État ou tentative de coup d'État. Tout ce que vous voulez. Donc, matériellement, ça n'existe pas. Voilà ce que je peux vous dire.
Que compte faire désormais le collectif des avocats chargés de la défense de Olivier Boko et Oswald Homéky ?
Non, mais la procédure ne fait que commencer. Et donc, comme je vous le dis, aujourd'hui, il n'y a eu aucune violation des droits de la défense. Tout est passé, tout s'est passé conformément à la loi. Et évidemment, le dossier va se retrouver devant les juges d'instruction. Et les juges d'instruction vont faire ce que la loi a prévu qu'ils fassent. Et la défense fera également son travail.
Et le colonel ?
Il est libre monsieur Tévoédjrè
Quelles sont les charges qui ont été finalement retenues contre votre client pour qu'il soit décerné contre eux des mandats de dépôt ?
Je crois qu'elles sont au nombre de quatre. Il y a atteinte à la sûreté de l'État. Il y a complot. Il y a blanchiment de capitaux. Et enfin, corruption d'agents publics. Je crois que c'est ça.
Est-ce que vous avez une idée de la date de la prochaine audience ou de la prochaine comparution ?
Non, non. Nous ne sommes pas encore en procédure de jugement. Nous sommes techniquement, aujourd'hui, en procédure d'instruction. Et l'instruction se passe selon un calendrier que les juges d'instruction vont établir. Ils vont reconvoquer les mis en cause selon leur rythme et selon leur inspiration. Et ils vont poursuivre l'enquête.
Vos clients passent leurs premières nuits en prison en détention ?
Mais cela va de soi. Vous savez très bien que la prison, ce n'est pas la prison en termes techniques. Ils sont en mandat d'arrêt. Ceux qui vont, ce sont ceux qui ont déjà fait l'objet d'une condamnation. Ils seront détenus dans une maison d'arrêt, évidemment, au sein d'une prison. Et bon, vous le savez, cela va de soi. Cela va de soi. C'est la conséquence des mandats qui ont été délivrés.
Vous avez passé une journée avec vos clients. Quel est le moral après toute cette journée, de vos clients ?
Vous savez, le moral, pour moi, c'est une question de vie privée. Je garde le moral pour moi. Je garde ça pour moi.
Vos clients ont été convaincants ?
Pourquoi vous demandez s’ils sont convaincants ? Je viens de vous dire que les éléments du dossier ne lient en aucun point M. Olivier Boko. Ça n’existe pas. Je ne peux pas vous étaler ici les détails. Mais, retenez qu’il est constant au dossier qu’il n’y a pas de lien. Mais, il n’est pas tout à fait surprenant que les juges aient décidé de poursuivre avec mandat.
Ce que la presse doit retenir c’est que nous ne sommes pas au fond. Parce qu'il y a des interprétations qui au surplus sont de nature à violer la présomption d'innocence. Nous ne sommes pas au fond. La seule question qui a été tranchée aujourd'hui est : est-ce que pour les poursuivre faut-il les laisser en liberté ou les mettre à la disposition de la cour au moyen d’un mandat. Et c'est ce qui a été fait.
Vous l’avez dit, les charges ne sont peut-être pas suffisantes, il n’y a pas d’éléments matériels retenus contre Olivier Boko. Mais pourquoi alors est-il retenu ?
Oui, c’est l'œuvre de la justice. Vous savez, la justice, c’est comme si vous versez du maïs au sol, vous ramassez avec du sable et après être arrivé à la maison, vous faites la distinction. Au fait, comme je vous l’ai dit, la question qui a été posée au juge aujourd'hui n’est pas de savoir s’ils ont commis ou pas.
LIRE AUSSI : Affaire Tentative de coup d'Etat : Olivier Boko, son homme de main et Oswald Homéky déposés en prison
C’est au regard des circonstances de la cause, est-ce qu'il faut les laisser en liberté ou contrôler leur liberté. Nous, nous avons souhaité que face à la vacuité du dossier, que ces gens, même si les faits sont dits graves ou pas, au regard de la trame même du dossier qui est déjà là, on peut les mettre sous contrôle judiciaire. Mais on n’a pas été suivi. Mais, une fois encore, nous ne sommes qu’au petit matin de ce processus judiciaire.
Est-ce qu’ils ont des chances de s’en sortir ?
Évidemment, monsieur. Je viens de vous le dire, il n’y a pas de charges. Quand on n’en trouve pas maintenant, on n’en trouvera pas. On ne fabrique pas les preuves en droit pénal.
Transcription : Ozias Hounguè, Libre Express
N.B : La rédaction du journal Libre Express a constaté une exploitation de certains de ses contenus dont elle a l’exclusivité sans mention de son nom. Toute exploitation de nos contenus sans mention de notre nom et redirection vers l’article concerné sur notre site sera passible de poursuites judiciaires. Respectez le travail de toute une rédaction !
Commentaires