C'est une véritable bombe que le ministre burkinabè de la Sécurité, Mahamadou Sana, a lâchée lundi à la télévision nationale. Dans une déclaration , il a révélé l'existence d'un vaste complot visant à déstabiliser la transition politique en cours dans le pays.
Selon le ministre, les services de renseignement ont déjoué plusieurs tentatives de déstabilisation menées par « des individus, résidant en République de Côte d'Ivoire », appuyés par « certains services de renseignement de puissances occidentales ». Cette « entreprise de subversion » impliquerait à la fois « des civils de divers profils, des militaires et anciens militaires ayant quitté le territoire national ».
« Ce énième plan consistait d’une part à signer un contrat avec des terroristes baptisés « les centraux » et d’autre part à leur donner des formations spécifiques dans la zone du Centre Est pour la prise d’objectifs qui ont été consignés dans leur contrat. Ils devraient en premier lieu mener des actions violentes contre des civils innocents puis, en second lieu, s’attaquer non seulement à des institutions de la République mais aussi à plusieurs autres points sensibles », indique le communiqué.
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Selon le ministre de l'intérieur, la première attaque précurseur de cette opération était celle de Barsalogho qui « consistait à massacrer le maximum de populations civiles pour créer le désarroi et le chaos au sein de ces populations et ébranler de ce fait la nation entière, facilitant ainsi l’exécution de l’action principale ».
Le plan prévoyait l’infiltration de plusieurs groupes terroristes. « Le premier groupe, chargé de mener l’action principale à partir du 29 Août 2024, était composé de cent cinquante (150) terroristes venus du Centre Est. Ils devaient se diriger vers la zone de Sapouy puis remonter sur Ouagadougou en vue de prendre le palais présidentiel sis à Koulouba ; le deuxième groupe devait attaquer la base de drones militaires pour empêcher toute riposte de nos forces ; le troisième groupe, venu du territoire ivoirien, avait pour objectif de mener des attaques dans la zone de Mangodara pour disperser nos forces combattantes. D’autres groupes devaient cibler l’aéroport pour bloquer tout renfort extérieur notamment par la pose de tout aéronef ami », détaille-t-il.
« Durant ces investigations, nos services de renseignement ont été alertés de l’arrestation de deux individus suspects, sans papiers d’identité, à un poste de contrôle à l’entrée de la ville de Niamey le 29 août 2024. Après des auditions rigoureuses, ils ont révélé être accompagnés d’un certain « Akoshi » qui avait déjà passé ledit poste de contrôle. Ce dernier a été arrêté plus tard, le lendemain 30 août 2024, à la gare de Rimbo, à Niamey alors qu’il tentait de s’échapper. Des vérifications d’identités faites, il s’est avéré que le dénommé « Akoshi » n’est rien d’autre que le Commandant Ahmed Kinda, précédemment Chef de corps des Forces Spéciales. Censé normalement être en stage au Maroc, il s’est révélé être le chef des opérations de toutes ces attaques tristement planifiées. Les deux individus suspects se sont révélés être en réalité deux chefs terroristes, nommés Ousmane Abdoulaye et Amadou Amadou Idrissa. Toutes ces arrestations ont permis de dénouer une grande partie du complot et de mieux comprendre les manœuvres visant à déstabiliser notre nation. Ils ont été transférés plus tard au Burkina Faso », précise le communiqué.
L’ex-président Damiba, des militaires et plusieurs ex-responsables cités
Parmi les principaux instigateurs identifiés figurent notamment l'ancien président Paul Henri Sandaogo Damiba, les ex-ministres Djibril Yipéné Bassolé et Alpha Barry, l'ancien président de la CENI Newton Ahmed Barry, ainsi que plusieurs officiers en activité et à la retraite.
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Selon les révélations du ministre, le plan élaboré par ces déstabilisateurs prévoyait l'infiltration de groupes terroristes pour mener une série d'attaques coordonnées à Ouagadougou. L'objectif était de « massacrer le maximum de populations civiles pour créer le désarroi et le chaos » et faciliter ainsi la prise du palais présidentiel, la destruction de la base de drones militaires et l'attaque de l'aéroport.
Grâce à la vigilance des services de renseignement, plusieurs tentatives ont pu être déjouées, notamment l'arrestation du Commandant Ahmed Kinda, présenté comme le chef présumé des opérations, ainsi que de deux chefs terroristes. Toutefois, les autorités burkinabè affirment que les déstabilisateurs n'auraient pas renoncé à leur projet et prépareraient une nouvelle réunion de coordination au Nigeria le 27 septembre 2024.
Au cours de ses investigations, le ministre a pu identifier plusieurs autres personnes impliquées dans ce complot, parmi lesquelles figurent notamment l'ancien maire et député de Dori, Aziz Diallo, en contact avec un groupe terroriste de l'EIGS, ou encore Abdoulaye Barry, présenté comme le « lien entre les puissances occidentales, les terroristes et la partie militaire ».
« Ces déstabilisateurs, en collaboration avec des complices à l’intérieur du pays, menaient des actions de désinformation massives et utilisaient des pratiques occultes pour semer la confusion et la division. Plusieurs marabouts ont été consulté par Monsieur Abdoulaye Barry alias « le voyageur » qui s’est fait aider par le sergent- chef Tindano alias « Taylor », ancien élément des forces spéciales qui sera arrêté plus tard par nos services. Ce dernier donnait des renseignements à l’ennemi et avait en charge de recruter des éléments pour les opérations de déstabilisation. Il a en outre, pris contact avec son père, marabout très connu dans la zone de Bogandé afin qu’il travaille à ce que les infiltrations des terroristes se passent très bien », apprend le ministre de l'intérieur.
Selon Mahamadou Sana, ce vaste réseau de déstabilisation aurait également mobilisé des moyens occultes, faisant notamment appel à des marabouts, et mené des actions de désinformation massive pour « semer la confusion et la division » au sein de la population.
Face à cette menace grave, les autorités burkinabées ont décidé de maintenir l'opération spéciale antiterroriste en cours, dans le but de neutraliser toute personne impliquée dans ces manœuvres. Le ministre a également appelé les familles et proches des terroristes à les dénoncer et à se dissocier de toute action subversive.
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