Le film de Mati Diop suit pas à pas le périple de ces 26 trésors royaux, depuis leur départ du musée du quai Branly à Paris jusqu'à leur arrivée triomphale au Palais présidentiel de Cotonou.
Le spectateur est convié dans des lieux habituellement inaccessibles au public, tels que les couloirs du palais présidentiel béninois, où ces œuvres d'art vont être choyées et examinées avec le plus grand soin avant d'être exposées.
La voix des objets muets
Pour donner vie à ces objets d'art spoliés, la réalisatrice a choisi de faire s'exprimer la Statue homme-oiseau du roi Ghézo. S'exprimant en langue fon, cet artefact relate avec émotion le désarroi et la souffrance endurés par lui-même et ses compagnons d'infortune pendant plus d'un siècle d'exil forcé. Sa voix d'un autre temps rythme le parcours des œuvres, de leur transport minutieux à leur accueil triomphal par le peuple béninois.
Au-delà du retour physique des trésors, le documentaire qui sort en salles ce mercredi 11 septembre 2024 s'attarde sur le débat animé qui anime les étudiants de l'université d'Abomey Calavi. Dignes citoyens d'un Bénin autrefois surnommé le « Quartier latin de l'Afrique », ces jeunes déconstruisent avec lucidité les enjeux politiques, sociétaux et culturels de cette restitution. Certains y voient un instrument de propagande, tandis que d'autres s'interrogent sur la pertinence des pratiques muséales occidentales pour préserver leur patrimoine.
Une mise en scène ingénieuse
Face à cet exercice délicat de reconstitution d'un épisode historique chargé d'émotions, Mati Diop relève le défi avec brio. Son ingénieuse mise en scène confère toute la profondeur nécessaire à l'illustration de ce grand débat sur la restitution des biens culturels spoliés en Afrique.
Le film documentaire « Dahomey » s'impose ainsi comme une contribution majeure à cette réflexion culturelle et géopolitique qui dépasse largement les frontières du Bénin.
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