Une triste nouvelle pour le monde universitaire et intellectuel. Selon nos confrères du journal Bénin Intelligent, le professeur Albert Gandonou, militant politique et figure intellectuelle béninoise, est décédé ce mardi 30 juillet 2024 des suites d'une longue maladie.
Spécialiste reconnu de la grammaire et de la stylistique françaises, Albert Gandonou avait soutenu en 1999 à la Sorbonne à Paris une thèse sur "Le Roman ouest-africain de langue française. Étude de langue et de style". Il rejetait "l'africanité supposée d'œuvres écrites en français", affirmant que "la littérature ne s'écrit pas avec des idées, mais avec des mots", selon le résumé de son travail par le chercheur Xavier Garnier.
Mais Albert Gandonou s'était surtout fait connaître pour son militantisme politique engagé au sein du Parti communiste du Bénin (PCB) depuis sa création en 1977. Son activisme pro-démocratie et sa quête de justice lui ont valu l'exil et la prison dans les années 1990.
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En effet, il a été arrêté le 25 juillet 1991 avec neuf de ses compagnons, lors de ce qui a été appelé le "jeudi noir". Ils passeront 8 mois en détention, leur procès faisant la Une du quotidien national le 19 septembre 1991. L'un d'eux, Segla Kpomassi, n'a malheureusement pas survécu, abattu par un gendarme au marché d'Azovè le 16 septembre 1990.
Dans son ouvrage "Lettre de prison. Chronique d'une détention politique sous le "Renouveau démocratique" au Bénin" (2011), Albert Gandonou revient en détail sur cette période difficile, adressant une chronique à sa fille Finafa. Il y dénonce la dérive "autocratique" du régime de "Renouveau démocratique" et la répression subie par les militants du PCB, qualifiés de "communistes et démocrates nocifs".
Malgré ces épreuves, Albert Gandonou n'a cessé de s'engager pour la justice et la démocratie. Il a notamment présidé le mouvement "Chrétiens pour changer le monde" (CPCM), œuvrant pour le dialogue interreligieux et le respect mutuel. Il a également publié en 2014 l'ouvrage "Comment je suis redevenu africain", dans lequel il évoque son affranchissement de l'impérialisme religieux occidental et sa redécouverte des valeurs du vodoun béninois.
Salué pour son engagement indéfectible et son combat pour les libertés, le professeur Albert Gandonou laisse derrière lui un héritage intellectuel et militant qui continuera d'inspirer les générations futures au Bénin.
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