Le procès de l’affaire de vol présumé de carburant au sein de la Marine béninoise s'est poursuivi ce jeudi 18 juillet 2024 à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Dans ce dossier, plusieurs militaires marins ont été placés en détention provisoire pour des charges d’abus de fonction, de recels de vols et de blanchiment de capitaux.
Dans ce dossier l’ex-chef d'état-major de la Marine béninoise, Jean-Léon Olatoundji, placé en détention provisoire fin mai 2024, n’est pas poursuivi dans ce dossier. De présumés receleurs du carburant de gasoil issu de ce présumé vol sont poursuivis sans mandat de dépôt. Ils ont tous plaidé non coupable lors de précédentes audiences dans l’affaire.
L’ex-commandant de la base navale de Cotonou donne sa version des faits
À l’ouverture de l’audience vers 14 heures ce jeudi 18 juillet 2024, c'est l’ex-commandant de la base navale de Cotonou qui est convoqué à la barre. L’officier qui dirigeait cette base navale jusqu'en mars 2024 a pour nom Christophe Sètondji Bléké. Interrogé sur les faits qui lui sont reprochés, l’ex-commandant affirme qu'il leur est reproché d'avoir siphonné du carburant dans les réserves de la base. L’officier a pris service en août 2023 avant d'être mis aux arrêts en mars 2024 dans le cadre de ce dossier. Le marin trouve que son incarcération dans ce dossier n’est pas justifiée. « Est-ce que la base navale de Cotonou dispose de stations services », lui lance le juge. «Non, la base navale de Cotonou ne dispose pas de stations services», répond-il. Il apprend néanmoins que la base dispose de tanks pour stocker du carburant.
L’ex-commandant explique ensuite que les bateaux et les patrouilleurs de sa base sont approvisionnés au cas par cas. Sur ce point, l’officier confie que la base navale de Cotonou est ravitaillée en fonction des besoins. Pour ce ravitaillement, l’ex-commandant indique deux cas. Dans le premier cas, il saisit le chef d'état-major de la Marine qui décide du ravitaillement des patrouilleurs. « Quand il valide, les militaires reçoivent des tickets-valeurs pour ravitailler les patrouilleurs », précise-t-il. Dans le second cas, l’officier souligne qu'il s'agit de missions exécutés dans le cadre de contrats entre la marine béninoise et des tiers. Ces tiers en réalité sont des bateaux civiles qui mettent du carburant au profit de la base navale dans le cadre de ces missions, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.
Après ses déclarations, le juge procède immédiatement à la lecture des messages extraits de son téléphone lors de son interpellation. Il s'agit de discussions portant sur un montant de 45 millions FCFA entre le commandant et le gestionnaire de carburant de la base navale. « Est-ce que vous avez appris les transactions illégales entre lui et des trafiquants », lui demande le magistrat. « Non, je n'ai rien appris », a déclaré l’officier au sujet de ces discussions. Mais l’ex-commandant indique qu'il s'agit des frais payés par les trafiquants de carburant lors de leur passage sur l’embouchure entre l’océan et la lagune de Cotonou. Ces frais serviraient aux besoins internes de la base navale de Cotonou, selon sa déposition.
La base navale de Cotonou dispose t'-elle de budget ? Là encore, la réponse de l’officier est un nom catégorique. L’officier a précisé qu'il n'a jamais reçu de l’argent provenant de son gestionnaire de carburant. Mais comment se fait-il que le gestionnaire de carburant cite son nom comme celui avec qui il partage l’argent issu du vol de carburant ? L’ex-commandant dit être surpris par ces déclarations de son gestionnaire. Combien de quantité de carburant a été volé à base navale de Cotonou ? L’officier déclare n’avoir pas idée jusqu'à ce jour de la quantité volée.
Les révélations du gestionnaire de carburant à la barre
Suite aux dépositions de l’ex-commandant, le gestionnaire de carburant de la base navale de Cotonou est convié à la barre. Il a pour nom Wilfried Patrice Montcho. Le prévenu est manœuvrier, proche collaborateur de l’ex-commandant. « Est-ce que vous vendez du carburant illicitement », lui demande le président de céans. « Je n’ai jamais vendu de carburant à qui que ce soit. Tout ce que j'ai fait sur la base navale de Cotonou est sur ordre de mon commandant », a-t-il déclaré.
Le militaire marin indique ensuite qu'il a été nommé gestionnaire en novembre 2023 et que c'est le commandant qui lui ordonne de stocker du carburant de gasoil dans les tanks après les opérations des patrouilleurs. Il apprend qu'il vend ces stocks de gasoil sur ordre du commandant, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.
La lecture des extractions des messages de son téléphone portable indique qu'il échangeait avec de présumés trafiquants de carburant, selon le juge. “Quel trafiquant vous a contacté pour acheter du carburant ”, demande le juge avec insistance. « Je leur ai répondu que je ne vends pas du carburant moi-même et que c'est sur ordre que je vends », a répondu le gestionnaire de carburant. « Pour nous, ce n’était pas des vols. C'est des ordres qu'on reçoit et qu'on exécutait », a précisé le militaire. Il confie que c'est une pratique courante à la base navale de Cotonou et que tous ceux qui ont officié avant lui l'ont également fait. Après chaque opération, il renchérit que l’argent est remis à son subalterne qui se chargeait de remettre à qui de droit.
Selon sa déposition, au total, vingt-huit (28) tonnes de carburant sont concernés par ce présumé vol. Il apprend qu'il notait chaque chargement de ce carburant dans des cahiers pour leur traçabilité. Le marin a déclaré que le montant de ces ventes de carburant de gasoil pourrait être évalué entre 15 et 16 millions FCFA. « Savez-vous comment ces sous étaient réutilisés par le commandant », lui a rétorqué le juge. « Je ne saurai le dire », a-t-il répondu. Il a détaillé que le commandant a fait d’importants travaux de réparation sur les patrouilleurs et qu'il pourrait s'agir de l’argent issu de la vente du carburant.
Le dossier a été renvoyé au 14 août 2024 pour continuation, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.
Commentaires
BIAOU Ulrich
Il y a trop de confusions dans la transcription. Le gestionnaire ne peut pas remettre l'argent à son subalterne mais plutôt à son supérieur.
19-07-24 à 08:17