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Procès des violences lors de la présidentielle de 2021 au Bénin : la CRIET condamne Thibaut Ogou et 30 détenus à 3 et 10 ans de prison

Ce vendredi 10 mai 2024, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a clôturé son audience spéciale réservée aux 42 personnes poursuivies dans le cadre des violences de la présidentielle de mars 2021. Selon les verdicts rendus dans les six dossiers, onze (11) personnes ont été relaxées au bénéfice et des condamnations de 38 mois à dix (10) ans de prison ferme ont été prononcées contre trente-un (31) autres.

Image d'illustration

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Ils sont 42 personnes qui ont comparu dans six différents dossiers lors de l’audience spéciale qui leur est consacrée depuis le vendredi 26 avril 2024 à la CRIET. C'est une ordonnance de la commission d’instruction rendue le mardi 23 avril 2023 qui consacre de leur procès  devant la chambre correctionnelle de la CRIET.

 

Ce vendredi 10 mai 2024, les juges de la CRIET ont rendu leur verdict dans les six dossiers inscrits au rôle de cette audience spéciale après deux semaines de procès. Dans les différents délibérés, les juges ont procédé à des requalifications des charges et à de lourdes condamnations.

 

Un militaire relaxé et des condamnations dans le premier dossier

 

Dans le premier dossier vidé, treize personnes dont un militaire ont été poursuivis pour des infractions d’atteinte à l’exercice du droit électoral. Il s'agit de personnes qui ont été arrêtées au domicile du nommé Malwane Abou à Abomey-Calavi. Ces personnes sont venues de Kouandé, ville située dans la partie nord du Bénin.

 

Selon l’accusation, ces prévenus sont venus dans le cadre des manifestations insurrectionnelles de la présidentielle d'avril 2021 à Cotonou. Le ministère public de la CRIET a souligné lors de leur procès que des armes, des munitions et des amulettes ont été retrouvées chez eux. Dans sa réquisition, le représentant du procureur qu'ils auraient été recrutés par Malwane au profit du nommé Kamar Ouassagari, aujourd'hui député de l’opposition.

 

Dans son verdict, la CRIET a relaxé le militaire au bénéfice du doute. Il a procédé à une requalification des faits d'atteinte à l'exercice du droit électoral en des faits d'atteinte à l’intégrité du territoire national. Pour ces faits, le nommé Malwane Abou écope de 10 ans de prison ferme et 5 millions FCFA d'amendes. Dix autres personnes poursuivies dans ce dossier sont condamnés à 8 ans de prison ferme et 5 millions FCFA d'amende.

 

Le beau-frère du juge Essowé Batamoussi lourdement condamné

 

Le deuxième dossier en délibéré est celui des proches de Essowé Batamoussi, ancien juge démissionnaire de la CRIET. L’homme était juge à la CRIET avant sa démission de la CRIET en avril 2021. Il avait par la suite dénoncé sur RFI et France 24 l’incarcération de l’opposante Reckya Madougou.

 

À l’époque, la police républicaine avait appréhendé trois personnes à son domicile dont son beau-frère, Zibo Mamoudou. Placées en détention provisoire, elles ont été poursuivies pour non dénonciation d’activités visant à nuire à la défense nationale du Bénin. Ce vendredi 10 mai 2024, le juge a requalifié ces faits en complicité d'atteinte à l'intégrité du territoire national. Le prévenu Zibo Mamoudou, beau-frère du juge Batamoussi, a été condamné à 10 ans de prison ferme et les deux autres à 38 mois de prison ferme.

 

10 ans de prison pour les responsables du trafic de 70 000 balles découvertes à Bantè

 

Le troisième dossier vidé concerne la découverte de 70 000 balles à Bantè. Les deux hommes en détention dans ce dossier sont poursuivis pour leur implication présumée dans le trafic de ces munitions entre le Bénin et le Togo.

 

L'un d'eux est le propriétaire du véhicule dans lequel les balles ont été découvertes, tandis que l'autre était passager du véhicule et cultivateur. À la barre, les prévenus ont nié les accusations portées contre eux.

 

Ce vendredi 10 mai 2024, la CRIET a requalifié les faits de trafic de munitions en des faits “de tentative d'atteinte à l'intégrité du territoire national”. Ils sont condamnés à 10 ans de prison ferme et 5 millions FCFA d'amende.

 

Un étudiant et un mécanicien condamnés

 

Un étudiant en Master de sociologie et un mécanicien ont été fixés sur leur sort dans le quatrième dossier vidé. Ils ont été reconnus coupables des faits d'incitation à la commission d'actes terroristes.  Les prévenus ont pour nom : Agbadjè Wassiou (mécanicien) et Bio Bouay Ousmane (Étudiant en master en Socio). Le mécanicien a été arrêté à Toui dans la commune de Ouèssè et l'étudiant à Parakou, rapporte l’envoyé spécial de Libre Express.

L’étudiant a été condamné à 38 mois de prison ferme et 25 millions FCFA d'amendes. Quant au mécanicien, il écope de 7 ans de prison ferme et 25 millions FCFA d'amendes.

 

L’activiste Thibaut Ogou condamné et sa colère noire

 

Dans le cinquième dossier, l’activiste Thibaut Ogou en détention provisoire depuis avril 2021 a été situé ce vendredi 10 mai 2024. Aux côtés de Thibaut Ogou, trois prévenus de l'opposition comparaissent également. Il s'agit de : Nomba Inoussa alios Aladji Kaolo, Fandy C. Géraldo et Yorou Idrissou Abdou-Karim. Poursuivis dans le cadre des violences lors de la présidentielle d'avril 2021, il leur est reproché des faits d’atteinte à l’exercice du droit électoral.

 

Dans son jugement, le juge a requalifié ces faits en “participation aux manifestations visant à troubler le déroulement de la présidentielle d'avril 2021. Pour ces faits, Thibaut Ogou et ses trois compagnons sont condamnés à 38 mois de prison ferme et deux millions FCFA.

 

À l’annonce de cette condamnation, Thibaut Ogou a piqué une colère et a exprimé son indignation. « C'est une justice que nous avons au Bénin ? Vous n’avez pas honte. Je suis un cabri mort. Vous pouvez faire de moi ce que vous voulez », a-t-il lancé au juge. Une déclaration qui a provoqué la colère du président de céans qui a demandé au ministère public de prendre les dispositions nécessaires contre Thibaut Ogou et a demandé aux policiers de le sortir de la salle. Thibaut Ogou pourrait être poursuivi dans les prochains pour outrage à magistrat.

 

Les manifestants de Parakou

 

Le sixième dossier vidé est celui des manifestants de Parakou arrêtés lors de la présidentielle d'avril 2021. Dans son verdict, le juge a requalifié les faits d’attroupement interdit en des faits de provocation de participation en un attroupement armé. Le juge a relaxé au bénéfice du doute 9 personnes et condamnés 8 personnes à 40 mois fermes.

Dans ces différents dossiers liés aux violences lors de la présidentielle d'avril 2021, les 42 prévenus ont été défendus par les avocats Me Barnabé Gbago, Me Yaya Pognon, Me Samari et autres.

 

 

 

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Commentaires

Loce olarewadjou

Quand tu sais manger tu prends avec le gouvernement tu prends 10 . Quand tu dis non tu auras 10 ans de prison

10-05-24 à 01:59

Loce olarewadjou

Quand tu sais manger tu prends avec le gouvernement tu prends 10 . Quand tu dis non tu auras 10 ans de prison

10-05-24 à 01:59

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