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CRIET : le commissaire d’Abomey-Calavi donne sa version dans l’affaire 17 millions FCFA pris chez un cybercriminel par son adjoint

Une nouvelle audience dans le procès de l'ex-commissaire adjoint d'Abomey-Calavi, de deux policiers et d'un militaire chargé du renseignement s'est ouverte ce jeudi 28 mars 2024 à la CRIET. Cette énième audience a permis à la Cour d’écouter le commissaire central d'Abomey-Calavi, Souleymane Assouma dans cette affaire de dix-sept (17) millions FCFA pris par son adjoint chez un cybercriminel.

Des policiers lors d'un défilé à Cotonou. Image d'illustration

Des policiers lors d'un défilé à Cotonou. Image d'illustration

Quel est le rôle du commissaire central d'Abomey-Calavi dans le dossier dans lequel son adjoint est poursuivi devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) ? Ce jeudi 28 mars 2024, le capitaine major de police, le commissaire central d'Abomey-Calavi Souleymane Assouma a été entendu dans le dossier ayant conduit son adjoint, deux policiers de son unité et un militaire du renseignement en détention provisoire.

 

Les hommes en uniforme incarcérés dans ce dossier sont poursuivis pour des charges d'abus de fonction et d'extorsion de fonds. Ils ont été arrêtés et placés en détention provisoire début mars 2023 par le parquet spécial de la CRIET. Selon l'accusation, les quatre hommes en uniforme auraient pris 17 millions FCFA chez un présumé gayman après son interpellation avant de le relâcher. Un militaire également prévenu dans le dossier a été le principal informateur. Ce dernier a participé à l'opération de la police ayant conduit à l'interpellation du présumé cybercriminel. Mais l'opération ne s'est pas déroulée dans les conditions régulières. Car une fois le présumé cybercriminel interpellé, ces hommes en uniforme lui auraient soutiré 17 millions FCFA avant de procéder à sa libération.

 


Le commissaire central d'Abomey-Calavi se prononce sur son rôle dans le dossier 
 

Convoqué à la barre un peu après 11 heures ce jeudi 28 mars 2024, le commissaire central d'Abomey-Calavi, qui n’est pas poursuivi dans ce dossier, a été entendu sur son rôle dans l’affaire. « Je n'étais pas informé de cette intervention », a déclaré d’entrée l’officier lorsque le juge l’a interrogé sur l’opération d’interpellation du présumé cybercriminel.

C'est alors que le président de céans lui demande : « comment le commandement est géré au niveau de son unité ? ». «J’étais à mes débuts au niveau du commissariat d’Abomey-Calavi », répond l’officier. Il explique qu'il venait de prendre service au niveau de ce commissariat quand l’interpellation irrégulière de ce présumé cybercriminel est survenue. Il déclare ensuite que le commissaire adjoint, aujourd'hui en détention, ne lui a fait aucun point de cette interpellation. C'est bien plus tard vers 23 heures qu'un supérieur hiérarchique l’a appelé au téléphone pour lui annoncer que son adjoint a interpellé un cybercriminel et lui a extorqué 17 millions FCFA, apprend l’officier.

 

Le commissaire central d'Abomey-Calavi déclare qu'il a informé ses supérieurs hiérarchiques de cette situation. Il a affirmé avoir interrogé son adjoint sur la situation. « J'ai dit : Petit-frère, tu as fait une telle opération ? Il m'a dit : non », a confié le commissaire. L’officier a précisé que son adjoint lui a déclaré que c'était un individu qui voulait ternir son image. Ce jour-là, le commissaire central d'Abomey-Calavi affirme que son adjoint lui a demandé de lui accorder une journée afin d’interpeller cet individu qui mentirait sur son compte. Une demande que le commissaire dit avoir fait droit immédiatement, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express à la CRIET.

 

Dans cette même journée, le commissaire central d'Abomey-Calavi déclare avoir reçu un appel du procureur d’Abomey-Calavi le convoquant  dans son bureau lui ainsi que son adjoint. « C'est devant le procureur de la République, quand on lui a présenté une vidéo et des photos de l’opération, qu'il a reconnu avoir procédé à une telle opération d’interpellation », détaille-t-il. Le commissaire central d'Abomey-Calavi déclare avoir été surpris d’apprendre cette nouvelle dans le bureau du procureur et qu'il a compris que quelque chose s'est passé lors de cette opération.

 

«Mais quand est-il des relations tendues entre vous et votre adjoint ? », lui lance aussitôt le représentant du procureur spécial de la CRIET. Le commissaire central d'Abomey-Calavi a rejeté ses accusations conflictuelles avec son adjoint. Il affirme qu'il y avait une relation de grand-frère et de Petit-frère entre son adjoint et lui. « Il m'appelle grand-frère et je l’appelle petit-frère», a-t-il soutenu précisant qu'il n'a pris service que le 5 janvier 2023, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.

 

Interrogé sur cette opération d'interpellation organisée sans l’informer, le commissaire central d'Abomey-Calavi a été formel. Il a déclaré qu'il existe des notes de services interdisant toute opération d'interpellation de la brigade rapide d’intervention de son commissariat, tout déplacement d’un policier de son unité et toute libération d’un gardé à vue dans son commissariat sans l'informer. Il a déclaré avoir porté ces décisions à l’endroit de tous les policiers de son unité lors d'une réunion.

 

Mais pourquoi les deux jeunes policiers, aujourd'hui en détention, ont suivi le commissaire adjoint pour interpeller le présumé cybercriminel sans informer le commissaire ? Le commissaire central d'Abomey-Calavi a expliqué que son adjoint était plus gradé qu'eux et qu'ils ne pouvaient qu’obtempérer.

 

L’ex-commissaire adjoint s’offusque des déclarations de son patron

 

Après les déclarations du commissaire central d'Abomey-Calavi, son adjoint a immédiatement sollicité une prise de parole. À la barre, l’ex-commissaire adjoint d’Abomey-Calavi accuse son patron d’avoir menti à la Cour. Ce Lieutenant de police affirme ensuite que les notes de services évoquées par le commissaire central d'Abomey-Calavi n’existaient pas au moment où il était en fonction à Abomey-Calavi. Le policier en détention affirme n’avoir jamais participé aux réunions évoquées par son patron.

 

À la suite de la déposition du commissaire central d'Abomey-Calavi et de son adjoint, le juge a renvoyé la prochaine audience au jeudi 11 avril 2024. Lors de la prochaine audience, le juge a demandé au commissaire central d'Abomey-Calavi d’apporter les éléments vidéos et photos qu'il a évoqués au cours de sa déposition, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.

 

 

 

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