Pendant que son dossier de détournement présumé de plusieurs milliards FCFA à l'OBSSU est renvoyé devant la commission d'instruction de la CRIET, le DG Donald Alexis Acakpo va répondre de nouvelles charges. Ce lundi 12 février 2024, Donald Alexis Acakpo et son ami Roland Zossou ont comparu dans une nouvelle affaire d'escroquerie de plus de 229 millions FCFA. Dans ce nouveau procès, le DG de l'OBSSU qui est poursuivi pour des faits de complicité d'escroquerie, a toujours plaidé non coupable.
Son ami, Roland Zossou, déjà incarcéré dans l'autre affaire de détournement à l'OBSSU, est le principal prévenu. Ce dernier est poursuivi pour escroquerie et pour avoir utilisé des méthodes frauduleuse et chimérique pour soutirer 229 millions FCFA à la victime.
La victime à la barre
Un peu après 17 heures 30 minutes ce lundi 12 février 2024, la victime est le premier invité à déposer. L'homme âgé d'environ une cinquantaine d'années raconte sa mésaventure avec les prévenus Donald Alexis Acakpo et Roland Zossou. Selon sa déposition, tout commence en 2019 lorsque Donald Alexis Acakpo alors DG de l'OBSSU lui parle d'un contrat d'intermédiation de fibre coton que le nommé Eustache Kotingan pour son présumé neveu Roland Zossou. Le prévenu Acakpo lui confie qu'il est essoufflé économique et qu'il n'avait plus d'argent à investir dans ce projet d'intermédiation de coton proposé par son ami Roland Zossou. C'est alors que la victime décide à son tour d'investir la coquette somme de 229 millions FCFA.
Pour obtenir cet important gain financier, Roland Zossou multiplie les techniques pour séduire sa victime. Dans un premier temps, le principal prévenu lui fait croire que le président du patronat béninois, Eustache Kotingan négociait ce contrat d'intermédiation de fibre coton pour plusieurs structures. Il s'agit de structures appartenant entre autres au beau-frère du président Patrice Talon, au Grand-frère de la chanteuse internationale Angélique Kidjo et aux enfants de l'ex-ministre Lagnidé, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.
Dans un second temps, la victime apprend aux juges de la CRIET que le DG Acakpo et le principal prévenu lui ont promis de l'amener chez Eustache Kotingan. Mais plus tard, Roland Zossou et Donald Alexis Acakpo viennent le voir un jour du mois décembre 2022 pour réclamer la somme de 23 millions FCFA nécessaire à l'obtention du contrat. Ce jour-là, la victime confie à la Cour que Roland Zossou lui montre des courriers avec des en-têtes marquées du sceau de la SODECO. Mais, il apprend que c'est ce jour-là qu'il a remarqué que les courriers signés au nom de la SODECO semblaient louches.
De sa mésaventure, la victime raconte que les deux prévenus lui ont également fait louer un magasin dont le loyer mensuel est de 900 000 FCFA. Plus tard, le principal prévenu lui a fait reprendre les formalités afin d'obtenir 39 000 tonnes de coton de la SODECO. Ce qu'il ne verra jamais.
Le prévenu qui se fait passer pour un neveu de monsieur Eustache Kotingan a lui aussi pris 500 000 FCFA pour soi-disant payer les frais de scolarité de ses enfants.
Ne comprenant plus la situation, la victime déclare à la Cour avoir essayé d'entrer en contact sans avec Monsieur Eustache Kotingan. Plus tard, elle déclare avoir déposé une plainte en septembre 2023 à la Brigade économique et financière (BEF). Le DG Donald Alexis Acakpo est interpellé et présenté au parquet spécial de la Cour de représsion des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.
Lors de sa présentation devant le parquet spécial, la victime apprend à la Cour que le DG Acakpo a demandé un règlement à l'amiable et a pris des engagements de remboursement de la somme escroquée. Il verse alors 50 millions FCFA à la victime, propose des garanties immobilières et demande un moratoire de plusieurs mois pour rembourser le reste des montants qui est de 179 millions FCFA.
Acakpo est libéré avant d'être rattrapé et incarcéré plus tard en décembre 2023 dans l'affaire de détournement de 2,6 milliards FCFA à l'OBSSU. Mais, la victime déclare aux juges que les garanties immobilières ne sont pas réellement celles qui ont été présentées au parquet. « Qu'on dise aujourd'hui que Kotingan n'est pas au courant, je suis fatigué. Je ne réclame que mes sous et pas plus », a conclu la victime.
Escroqué à hauteur de 314 millions FCFA, Acakpo se dit victime de fétiche et de gris-gris
Après la déposition de la victime, le directeur général de l'OBSSU passe à la barre. Il rejette d'emblée les accusations de complicité d'escroquerie mises à sa charge. Donald Alexis Acakpo déclare à la Cour être lui-même une victime du principal prévenu, le nommé Roland Zossou. « C'est à partir du 8 décembre 2023 que j'ai compris que j'étais aussi victime d'une escroquerie. Je suis aussi une victime », lance-t-il. L'homme qui séjourne désormais en prison est immédiatement recadré par le juge qui insiste pour qu'il parle de l'essentiel, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.
Donald Alexis Acakpo déclare alors à la Cour que tout a commencé en 2018 lorsque Roland Zossou lui parle d'une affaire d'intermédiation de coton dans laquelle il le motive à investir des centaines de millions FCFA. Le principal prévenu l'a convaincu d'un projet rentable dans lequel investit son présumé oncle Eustache Kotinga, le numéro 2 du coton au Bénin. Roland Zossou l'a fait rencontrer quelqu'un présenté comme Eustache Kotingan dans les locaux de la SODECO un soir de l'année 2018. Mais l'homme présenté comme Eustache Kotinga, le DG Acakpo ne verra jamais son visage. La personne va s'adresser à lui de loin en le rassurant de continuer à investir dans le contrat d'intermédiation de coton.
Plus tard, Donald Alexis Acakpo affirme avoir eu des doutes après avoir envoyé plusieurs messages qui sont restés sans réponse à un numéro présenté comme celui de Monsieur Eustache Kotinga. Il déclare en avoir parlé à Roland Zossou qui l'a rassuré et lui a donné un autre numéro de Eustache Kotingan. Il signale que lorsqu'il a écrit à ce numéro l'homme présenté comme Eustache Kotinga l'a rassuré du contrat d'intermédiation de coton. C'est lors des enquêtes à la BEF que Donald Alexis Acakpo affirme avoir découvert que ce numéro n'était pas celui de Kotingan et que c'est en réalité le même Roland Zossou qui était caché derrière.
Dans sa déposition, le DG Acakpo confie que Roland Zossou a vidé son salaire, ses primes, ses indemnités et toutes ses ressources secondaires à Roland Zossou pour ce contrat d'intermédiation. C'est lorsque que fatigué de toujours investir et sans ressources qu'il en a parlé auprès de la victime. Par la suite, la victime décide d'investir aussi. Selon le DG de l'OBSSU, Donald Alexis Acakpo, le prévenu Roland Zossou l'a aussi escroqué à hauteur de 314 millions FCFA dans ce faux dossier d'intermédiation de coton.
Le prévenu Donald Alexis Acakpo apprend à la CRIET que cette escroquerie n'a pas été possible sans l'usage de fétiche par Roland Zossou. Selon le DG Acakpo, l'enquête et les perquisitions menées dans le cadre du dossier ont permis de découvrir que Roland Zossou dispose d'une chambre de fétiche dans laquelle il travaillait avec différents gris-gris sur son esprit. Ceci, dans le but de mieux l'escroquer.
Après les dépositions du DG Donald Alexis Acakpo et de la victime, le dossier a été renvoyé au lundi 25 mars 2023. Le principal prévenu Roland Zossou n'a pas été encore écouté.
Le DG Acakpo et Roland Zossou sont poursuivis dans un autre dossier
Le DG de l'OBSSU Donald Alexis Acakpo et son ami Roland Zossou sont déjà poursuivis dans une autre affaire de détournement de deux milliards six cent quatre-vingt-quinze millions quatre cent cinquante-deux mille (2.695.452.000) FCFA à l'OBSSU entre 2019 et 2023.
Placés en détention provisoire depuis le vendredi 8 décembre 2023, le DG de l'OBSSU et son comptable avaient plaidé non coupable lors d'une première audience le lundi 18 décembre 2023. Ils ont rejeté ne pas se reconnaître dans les faits de détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux.
Le troisième prévenu dans le dossier, le nommé Roland Zossou a reconnu devant les juges les faits d'escroquerie mis à sa charge par le parquet spécial de la CRIET. Mais, il a rejeté les faits de complicité de détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux.
La chambre correctionnelle de la CRIET s'est déclarée incompétente et a renvoyé le dossier devant la commission d'instruction de la CRIET lors d'une audience le lundi 15 janvier 2024, rapporte l'envoyé spécial de Libre Express.
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